Depuis le 4 juillet, et jusqu’au 18, le Bluefactory accueille le Re ! festival. Re ! comme « Re les gens ! », comme « reprise », « reconnecté » ou encore « recommencer » ! Après cette période marquée, un projet fédérateur qui réunit des acteur·rice·s prépondérant·e·s de la scène culturelle fribourgeoise prend place afin de redonner un peu de couleurs à la ville des Zaehringen et aux vies de ses habitant·e·s. Entrevue avec le co-coordinateur du projet, Xavier Meyer.

Le festival des festivals perdus

On ne va pas épiloguer là-dessus : tout le monde est conscient·e de l’arrêt qu’a subi l’univers du spectacle et des événements. En début de pandémie, nous avions relaté le sort des intermittent·e·s du spectacle, qui se voyaient privé·e·s de tous mandats, ordonnances fédérales obligent (lien vers l’article). Depuis lors, les choses semblent se canaliser et la vie culturelle se réveille progressivement. C’est ainsi que naquit le projet du festival Re ! Sous l’égide de l’Association K (Verein C dans la langue de Goethe), 25 organisations membres représentant les structures culturelles professionnelles du canton de Fribourg se fédèrent pour relancer la culture et la scène fribourgeoises.

Alors à qui s’adresse cette initiative ? « Le festival s’adresse clairement à tout le monde ! C’est un événement qui se veut ouvert, non seulement parce que l’accès est gratuit, mais aussi parce que les artistes sont rémunéré·e·s au chapeau. Il se veut très accessible, et il y a une programmation tellement large que ça peut convenir à tous·tes. Il y a même le dimanche qui se veut plus famille ! », nous renseigne Xavier Meyer.

Le festival s’est installé au Bluefactory – Crédit Stéphane Huber

Une association d’acteur·rice·s divers·es

Dès le début de la pandémie, les acteur·rice·s du monde culturel et évènementiel se regroupent et font travailler leurs méninges afin de soutenir les travailleur·euse·s durement touché·e·s par la crise. « L’Association K a eu pas mal de travail pour trouver des solutions, en collaboration avec les autorités. Il y a eu beaucoup de séances pour parler du chômage partiel et des indemnisations. Au bout d’un moment, on s’est dit que ça pouvait être intéressant de mettre nos forces en commun pour un événement de reprise, on va dire en douceur, de la culture », poursuit le co-coordinateur du projet.

En effet, le second titre de l’événement, « le festival des festivals perdus », parle de lui-même. « On devrait être normalement en pleine période du Belluard, des Georges, de pleins d’événements estivaux. On trouvait ce sous-titre assez logique étant donné que toutes ces manifestations se sont perdues en raison du contexte. Mais elles se trouvent maintenant réunies ici ! », s’exclame Xavier Meyer.

La solidarité avant tout

Ce projet se veut donc solidaire avant tout et nullement à la recherche d’un profit : « Les seules personnes qui vont toucher de l’argent, et c’était notre objectif, ce sont les artistes et les technicien·ne·s. Les structures participantes ne reçoivent rien financièrement, si ce n’est de la visibilité. Il vaut mieux réduire un peu la voilure, faire les choses en douceur et en souplesse, plutôt que de vouloir à tout prix un événement mégalo et toujours plus grand. On a donc limité l’accès à 300 personnes par soir et on s’occupe de la traçabilité ».

En effet, lors de notre visite, la queue s’allongeait à mesure que la nuit tombait, il fallait donc arriver tôt si vous souhaitiez profiter pleinement de la scène culturelle fribourgeoise ! Car oui, il s’agit à 95% d’artistes de chez nous et le but des organisateur·rice·s est de remettre la proximité au centre sans toutefois dépasser la limite de la distanciation physique : « Le message n’est pas du tout ’hé venez, on va faire la fête comme des fous·folles et ne rien respecter’. Les gens sont aussi conscients que c’est un événement un peu particulier et que beaucoup de choses seront surveillées de près, car on ne veut pas faire de bêtises ».

Si le festival peut avoir lieu, c’est aussi grâce au soutien des autorités et des partenaires qui participent à sa bonne tenue : « Pour le financement, nous sommes en étroite collaboration avec le Service de la culture du canton (SeCu), l’Agglomération de Fribourg et la Loterie Romande. Pour l’organisation, il y a eu pas mal de collaboration, dès le début, avec la préfecture, la police locale et la police cantonale ». L’accueil auprès des technicien·ne·s, des artistes et des visiteur·euse·s est chaleureux, et c’est plus que bienvenu en ces temps difficiles ! Repenser les festivités et les rendre à taille humaine (Covid-compatibles) sera peut-être un réflexe à adopter durablement. « Je pense que c’est aussi une tendance qui va naitre et s’ancrer dans l’organisation d’événements », conclut Xavier Meyer.

Texte et illustrations : Léa Crevoisier et Stéphane Huber