Avis aux cartésiens et aux rationalistes, Borgman est probablement le film le plus absurde et onirique de l’année! Cette coproduction belgo-néérlando-danoise d’Alex Van Warmerdam est inclassable. Situé au carrefour du fantastique mais avec de nombreuses références mythologiques et folkloriques, le film se plaît à déjouer toutes les attentes et interprétations du spectateur. L’ouverture, un véritable morceau de bravoure, nous présente un homme des bois fuyant devant des gens qui veulent manifestement le tuer. Il se réfugie dans une petite banlieue riche où il parvient progressivement à rentrer dans la vie d’une famille bourgeoise typique.
Si Borgman semblait être parti pour être une œuvre dénonçant les inégalités sociales en dressant un portrait acide de la bourgeoisie danoise, le spectateur doit vite renoncer à placer ce film dans une catégorie unique. En effet, des cadavres se balancent poétiquement au fond d’un étang, le vagabond insuffle des rêves torturés à sa ravissante hôte, tandis qu’une petite fille défonce le crâne de l’ex futur jardinier la propriété. Vous l’aurez compris, il est difficile de classer cette œuvre. La photographie, parfaitement maîtrisée, sert le propos de manière efficace. Si l’abus de rebondissement fait parfois perdre sa pertinence au scénario, il n’en reste pas moins que Borgman est l’un des films les plus audacieux et originaux de l’année. Si vous êtes à la recherche d’une vraie expérience cinématographique, on ne saurait trop conseiller ce chef d’œuvre.
Florian Mottier