La théologie a-t-elle sa place à l’université ? Pour répondre à cette question, Spectrum a rencontré Sylvain Queloz, responsable de la Faculté de théologie et co-président de l’AGEF.

Lorsqu’on évoque les critiques à l’encontre de la Faculté de théologie, Sylvain Queloz commence par nous expliquer les origines de ces critiques : à Fribourg, la Faculté fait partie d’une université d’Etat, ce qui n’est pas le cas partout. Certains estiment donc qu’elle n’y a pas sa place. Pour Sylvain Queloz, cela tient au fait que les gens ne savent pas vraiment ce qu’est la théologie. Il explique qu’ « on ne fait pas du catéchisme, mais de la recherche. C’est réellement une approche scientifique. » Pour que l’on comprenne le statut scientifique de cette discipline, il nous explique ce que les théologiens étudient. « On parvient, grâce au dialogue avec les autres sciences, comme la philosophie, l’anthropologie et les sciences humaines, à faire des recherches scientifiques et à construire une réflexion spéculative ».

«  […] un  schéma de pensée et d’analyse qui parle encore dans le contexte d’aujourd’hui »

-Sylvain Queloz

Le cursus de théologie, quant à lui, est très complet : il se compose d’une douzaine de branches et part d’une base de philosophie. Chaque faculté adhère à une tradition théologique et à Fribourg, c’est celle de Saint Thomas d’Aquin. Cette tradition est un « schéma de pensée et d’analyse qui parle encore dans le contexte d’aujourd’hui ». Sylvain Queloz nous décrit également les différents aspects de ce cursus d’études : l’analyse de textes (« il ne s’agit pas de lire un texte et d’exprimer comment il nous parle personnellement, mais d’une véritable analyse littéraire comme en cours de français »), l’histoire de l’Eglise et de la transmission de la foi du Christ, les aspects juridiques,… Il relève aussi que la Faculté travaille beaucoup sur des thèmes comme la bioéthique : « des thèmes politiques et brûlants d’actualité sur lesquels la théologie a aussi quelque chose à dire ». C’est donc un domaine qui a de nombreux aspects, et « si on comprend ce qu’on fait et comment on le fait, on comprend pourquoi elle a sa place parmi les sciences ».

«C’est une science qui te concerne et t’interpelle quoi que tu fasses et qui que tu sois. Ça t’ouvre ton regard sur le monde, sur l’homme, et ça t’aide ensuite à appréhender n’importe quel domaine de la vie. »

-Sylvain Queloz

A la question de la place de la théologie à l’université, il est catégorique : « Je pense que de part l’angle d’attaque de la théologie et ce qu’elle tente de découvrir, elle a véritablement quelque chose à dire aux autres sciences et aux hommes ». Pour lui, « la théologie est vraiment une science de la réflexion. Elle pose des questions que tout le monde se pose tôt ou tard, face à des situations particulières du quotidien. Elle dit quelque chose de la nature humaine, des questions existentielles de la vie… Et c’est pour ça qu’elle a sa place. Parce que, loin de ne concerner que l’Eglise, et qu’on le veuille ou non, elle concerne tout le monde ». En concluant, il nous avoue que « si tout le monde pouvait faire de la théologie, le monde serait différent ! C’est une science qui te concerne et t’interpelle quoi que tu fasses et qui que tu sois. Ça t’ouvre ton regard sur le monde, sur l’homme, et ça t’aide ensuite à appréhender n’importe quel domaine de la vie. »

10_Fribourg5
Semaine interdisciplinaire d’octobre 2016 ​

Crédits Photos:…