Cela faisait longtemps qu’un film ne m’avait pas autant captivé de la sorte, voire ensorcelé, du début à la fin. A Banquet s’ouvre sur un drame terrible, qui pose bien franchement et d’entrée de jeu l’ambiance et les enjeux émotionnels de l’intrigue.
Nous suivons donc une mère, Holly (impeccable Sienna Guillory) et ses deux filles, Betsey (époustouflante Jessica Alexander) et Izzy (très juste Ruby Stokes), qui tentent de se reconstruire et de « trouver un sens à tout cela », suite à ce qu’elles ont traversé. Une histoire qui pourrait être convenue, jusqu’à ce que Betsey retourne transformée d’une soirée, après s’être égarée dans les bois. Elle semble avoir subi l’envoûtement de l’astre lunaire, rouge sang, que je ne regarderai désormais plus de la même manière.
Betsey ment-elle, cache-t-elle quelque chose, est-elle mythomane, ou tout simplement malade ? Elle cesse de s’alimenter, non pas à cause d’une « simple » anorexie, comme on pourrait le croire de prime abord, mais par un réel dégoût et rejet physique de la nourriture, qui va bien au-delà de la maladie et de la psyché. La scène du petit pois est à ce propos rondement bien menée. Le plus surprenant dans tout cela, c’est que, malgré son abstinence totale de nourriture, Betsey ne perd pas le moindre gramme, semaine après semaine.
Sa mère se démène pour tenter de savoir ce qu’elle a, l’emmène chez les meilleures spécialistes qui, tous, ne semble diagnostiquer rien d’autre qu’un trouble psychique, et recommandent l’internement pour sa fille. Cette solution est inenvisageable, car Betsey menace de se suicider si cela devait se produire.
Menée par une photographie exceptionnelle, une luminosité si basse qu’elle en est TERRIFIANTE, une ambiance sonore oppressante et un jeu d’ombres et de lumières aussi subtil qu’angoissant, A Banquet, premier (!) film de Ruth Paxton, est tout simplement magistral. L’intrigue se complexifie au fur et à mesure, des légendes japonaises ancestrales sont invoquées, et nous sommes que de simples spectateur.trice.s de cette descente aux enfers familiale, dans laquelle Betsey emmène tout d’abord sa mère, puis sa pauvre sœur Izzy, qui n’a plus l’impression d’exister ou d’être importante, tant l’attention de sa mère est focalisée sur Betsey.
On peut cependant regretter que la fin ne nous laisse sur notre faim pour comprendre mieux comprendre le fameux « après » que Betsey nous promet. Cela laisse bien entendu plus de place à l’imagination, mais je suis encore en train de tenter de démêler les nœuds de l’intrigue et de la conclusion à l’heure où j’écris ces lignes.
Dites-vous, ce film m’a tellement retourné que c’est la première fois que je m’adresse à un inconnu au sortir de la salle pour discuter de ce que nous venions de vivre. À recommander sans hésitation, si toutefois vous avez l’estomac bien accroché.