Les fêtes de famille… il y a ceux qui adorent ça et ceux qui détestent. Quoi qu’il en soit, ce sont toujours des moments particuliers auxquels personne n’est indifférent. Avec Un air de famille, Cédric Klapisch dépeint un portrait familial aux traits superficiels sur un fond narquois. Véritable succès couronné de 3 Césars en 1997. Flashback.
«Au Père Tranquille», café tenu par Henri, l’aîné de la famille Ménard, toute la famille se retrouve chaque semaine. Aujourd’hui, c’est un jour particulier. Yolande, la femme d’Edouard, le fils cadet des Ménard, fête son 35ème anniversaire. Ce dernier vient de passer dans une émission télévisée et tente de débriefer avec les membres de sa famille. Denis, employé au Père Tranquille et amant de Betty, la sœur d’Henri et d’Edward, s’invite peu à peu à la réunion familiale et les observe. Tandis que la femme d’Henri se fait attendre, la soirée tourne au règlement de compte: les petites préoccupations des uns s’imposent aux autres, les usages et la politesse de la vie de tous les jours se relèguent au second plan.
Dans «un air de famille», tout est figé: le décor, les actions, les personnages, jusqu’au discours. Un seul décor, le café familial. Une action quasi inexistante. Rien ne se passe: on attend, on tue le temps comme on peut, on discute, on ressasse, on s’oblige. Le fil rouge tient dans le dialogue – de sourd – entre les personnages: personne ne s’écoute mais les paroles continuent de pleuvoir comme s’il ne restait plus que ça aux personnages. Les dialogues sont habiles, incisifs, discrets et coulants quand il le faut tout en revenant en force dans les moments critiques. Une belle leçon d’écriture.
Des récompenses
Le film est basé sur la pièce éponyme d’Agnès Jaoui (Betty Ménard) qui a reçu le Molière de la meilleure pièce comique en 1995. Comme quoi une bonne pièce de théâtre peut elle faire un film tout aussi bon. Résultats, trois césars en 1997. Tout d’abord, celui du meilleur scénario ou adaptation pour Cédric Klaspisch, Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri (Henri Ménard). Puis ceux du meilleur rôle secondaire masculin pour Jean-Pierre Darroussin (Denis) et féminin pour Catherine Frot (Yolande Ménard). En effet, Catherine Frot y est indescriptible. Dans son rôle de Yolande, elle est dramatiquement comique malgré elle, magnifiquement hors contexte. Toujours dans des rôles particuliers, celui-là l’habille à merveille.
Un film à mettre dans toutes les mains? Fans de James Bond, d’Indiana Jones ou de Carrie Bradshow s’abstenir! Par contre, pour ceux qui préfèrent les subtilités de la langue à l’action, l’humour corrosif à l’intrigue, c’est un film à voir et à revoir!
Mona Heiniger