Cette année pour la première fois, le FIFF met des cours-métrages en compétition, trois programmes de six films, tous réalisés en 2013. Chacun son message et ses paysages. Le premier programme débute en Iran, par un essai de Navid Danesh, puis nous confronte au froid de la Géorgie, dans Dinova de Mariam Khatchvani. Le voyage continue au Bhoutan pour un périple tout en symbolisme de Tashi Gyeltshen, en Argentine à travers la voix d’Esteban Argüllo, au Nigéria mis à nu par Folasakin Iwajomo pour finir au Pérou par une critique sociale d’Alvaro Sarmiento.
En Iran, Duet raconte l’histoire d’un amour manqué. Un jeune homme marié croise une amie perdue de vue dans une bibliothèque. La pudeur leur interdit l’émotion mais la passion enfouie et le souvenir d’une grande complicité sautent à l’œil du spectateur. Les amateurs de voyeurisme seront séduits par l’intimité qui se dégage des images.
Du côté des montagnes de Svanétie, province géorgienne, des lois strictes règlent les rapports humains. Depuis des centaines d’années, les mariages arrangés détruisent des vies. Comme celle de cette petite fille qui vient de perdre son père et voit sa mère contrainte d’épouser le premier homme venu la chercher pour l’emmener loin de sa famille, de son passé et de tout ce qu’elle a su construire. Un court-métrage de quinze minutes qui dénonce cette injustice. Les coutumes elles aussi doivent évoluer, dit le réalisateur qui dédie son œuvre à sa grand-mère, une victime parmi tant d’autre.
The Red Door porte une grande tristesse. Tashi Gyeltshen a quitté le Bhoutan pour nous présenter son film en personne à Fribourg. Par ce film, il veut faire le deuil du décès brutal de son neveu. Il propose sa vision du voyage de la vie jusqu’à l’autre monde. La porte rouge, libre d’attache, représente le passage vers l’au-delà et l’absence de murs nous rapproche des êtres perdus. Le bouddhisme dit que plus on parle de la mort, plus la vie sera belle.
Plus léger, Todavia trabajando nous invite à une conversation téléphonique intergénérationnelle. Le réalisateur, installé en Chine, s’inquiète de la grande activité de sa grand-mère à Buenos Aires. Un échange spontané et tendre, plein d’amour et d’affection. Histoire d’une tenante d’épicerie de quartier d’un âge avancé qui veut vivre sa vie comme elle l’entend. Une bouffé d’air frai qui fait sourire le cœur.
Changement d’ambiance avec The Line Up. Le gain rapide et facile pousse un jeune homme, voulant aider sa petite sœur malade, à se déshabiller pour l’amusement pervers d’un personnage sans visage. Il ne sait pas qui se cache derrière ces billets qu’il reçoit pour montrer son corps. Le cour-métrage dessine le triste tableau d’une société sans morale, prise au piège par le pouvoir déviant de l’argent. Une triste et dangereuse réalité qui fini par séparer cette petite famille.
Pour clôturer ce programme, direction Cuzco, non loin du fameux Machu Picchu. Une famille se bat pour survivre dans une région ravagée par le chômage. Les filles sont obligées de travailler avec les touristes, ce qui exaspère les parents. Les reprochent pèsent sur le couple qui s’accusent mutuellement des difficultés auxquelles ils doivent faire face au quotidien. Kay Pacha se révolte contre l’exploitation des ouvriers, le travail des enfants et l’inégalité de la répartition des richesses. Malgré tout, les rires illuminent les journées des victimes du monde moderne et chaque jour permet d’imaginer de nouvelles portes de sortie vers une vie meilleure.
Carole Thévenaz