Rabih Mroué offre au public de Fri Art et du Belluard Bollwerk festival une exposition qui s’interroge sur la face hors-champs de la guerre.
Il y a ce que l’on croit avoir vu et ce que l’on ne verra jamais. Voilà les deux faces de la guerre que met en lumière Rabih Mroué à l’occasion de son installation pour Fri Art et le Belluard Bollwerk festival. L’artiste iranien revient sur les récits historiques et leur construction par les médias, mais aussi par notre propre subjectivité, au moyen d’un parcours mêlant vidéos, affiches et photographies.
Il y a d’abord ce que l’on croit avoir vu. Un monde rempli d’images et de rumeurs, qui se modifient au fil de la subjectivité des colporteurs. En entrant, on voit un mur tapissé d’affiches, dont la vue nous est barrée à l’aide de papier calque. D’un côté l’artiste invite à la contemplation muséale en disposant des bancs devant un mur blanc, de l’autre il brouille notre vue et évoque un monde aux images modifiées, déchirées. Au verso du mur, des témoins, comme revenus de l’au-delà, racontent l’horreur de la guerre.
Il y a aussi le hors-champs, qui fausse notre perception, en nous volant des informations indispensables à une bonne compréhension. Comment savoir qu’un caméraman est mort, s’il reste perpétuellement hors de notre vue ? Comment être sûr de ce qui se cache derrière le « je » ou derrière le mur de la discothèque, si la caméra ne se déplace pas pour nous révéler l’envers du décor.
A travers son installation, Rabih Mroué ne questionne pas seulement l’horreur de la guerre au Liban et en Syrie, mais également notre réception de ces horreurs et bien d’autres thématiques aussi contemporaines qu’universelles.
Valérie Vuille