Dans sa section dédiée au pays du soleil levant, le NIFFF présente un Japon oscillant entre tradition et vision futuriste.

Pour fêter les 150 ans d’un accord diplomatique entre la Suisse et le Japon, le NIFFF lui a dédié une section entière. Retour sur deux films d’animation, révélant un choc entre tradition et technologie.

Short Peace (2013) se compose de 4 segments dirigés par Katsuhiro Otomo, Hiroaki Ando, Hajime Katoki et Shimei Morita. La narration y est réduite à son minimum laissant souvent le mystère plané sur les morceaux d’histoires, qui nous sont présentés. Indépendants, les segments du film se rejoignent tous en révélant une partie de la tradition visuelle, narrative et historique du Japon. On y découvre ainsi des animations digitales et d’autres dessins rappelant l’art des miniatures. Ici, le folklore est confronté à une vision futuriste du monde. Si les 3 premiers segments se focalisent sur des métiers ou des croyances anciennes, le 4e segment se déroule dans un Tokyo ravagé par une guerre entre humains et robots. À travers ces différences, on retrouve l’image d’un Japon paradoxale, qui s’interroge sur la place de l’homme face à ses croyances, à la nature ou encore à ses propres créations.

Cette réflexion, Akira (1988) la pose également. Ce film de Katsuhiro Otomo se déroule dans un Tokyo futuriste ravagé par une guerre civile. À force de chercher la vérité et la puissance, les hommes se sont vus dépassés, jusqu’à devenir des pantins de la force, qu’ils ont créée. Le souvenir de la bombe atomique planerait-il? Sûrement. Semblable à Short Peace, la narration de Akira est lacunaire. Elle laisse tout le long du film flotter le mystère, encourageant l’imagination et la réflexion du spectateur. Les dessins sont torturés, proche des mangas contemporains du film, ce qui contraste avec les images plus épurées que l’on retrouve dans Short Peace. Question d’époque? Pas seulement, le style du dessin concorde également avec les narrations, des plus joyeuses au plus tourmentées. Dans ce film, la tradition japonaise se fait certes discrète, mais cela ne l’empêche pas d’être présente en filigrane dans les pensées, les réflexions sur l’humain et la force qui l’anime.

Deux films et deux visions donc, mais ils se rejoignent en montrant un pays diversifié et proche ses croyances.

Valérie Vuille

Tous les deux sont disponibles en DVD.