Du 30 octobre au 1er novembre, le Vevey International Funny Film Festival s’apprête à répandre son humour sur la cité de Charlot. Rencontre avec Maryke Oosterhoff, coorganisatrice.
Spectrum: Comment t’es venue l’idée d’organiser le VIFFF (Vevey International Funny Film Festival) ?
M. Oosterhoff: Avec Loïs de Goumoëns (avec qui je codirige le festival), on trouvait que les films comiques étaient trop souvent déconsidérés, notamment face aux drames. On avait envie de valoriser ce type de productions comme ayant également un point de vue artistique, poétique, narratif, etc. Desproges, dans un sketch, s’en prend à un critique ayant écrit d’un film qu’il n’avait « pas d’autre ambition que celle de nous faire rire » : « Mais qui es-tu, zéro flapi, pour te permettre de penser que le labeur du clown se fait sans la sueur de l’homme ? Qui t’autorise à croire que l’humoriste est sans orgueil ? Mais elle est immense, mon cher, la prétention de faire rire ». Utiliser l’humour comme moyen d’expression, loin d’être une facilité, nous parait être en effet extrêmement exigeant. Alors on s’est dit qu’on allait tâcher d’aider à diffuser ceux qui y parviennent ! L’idée est aussi d’ainsi réunir cinéphiles acharnés et spectateurs plus occasionnels en proposant un événement rassembleur.
Pourquoi avoir choisi la ville de Vevey ?
Lancer ce festival dans la région où Charlie Chaplin a décidé de venir vivre avec sa famille nous est apparu comme une évidence. Laura Chaplin, la petite fille du cinéaste, est marraine du festival. Vevey, grâce à sa dénomination « Ville d’Images » et sa proximité avec Lausanne et le bassin de la Riviera est une ville parfaite pour cet événement.
Comment organise-t-on un festival de films dans un milieu où la concurrence (FIFF, NIFFF, Visions du Réel etc.) est relativement forte ?
Je ne pense vraiment pas que ces festivals soient concurrents. Premièrement, ils ont chacun leur propre thématique (le NIFFF avec ses films fantastiques et Visions du Réel avec son « cinéma du réel » par exemple, se placent sur des terrains très différents), zone géographique et place dans le calendrier. Ensuite, j’espère et pense qu’au contraire, la multiplication des festivals de cinéma va attirer un nouveau type de spectateur-trice, notamment celles et ceux qui délaissent les projections traditionnelles au profit d’un système maison. Il s’agit de proposer des films n’étant pas diffusés dans le circuit habituel, autour desquels un « événement » est créé, des invités présents, etc. D’ailleurs en parlant du NIFFF : nous leur proposons une carte blanche et le génialissime What We Do In The Shadows, mockumentaire sur des vampires en colocation, sera projeté dimanche soir.
Quels seront les films/événements à ne pas rater ?
Rien n’est à rater voyons ! Cinq films en compétition internationale et provenant de cinq pays différents, un focus sur le maître absolu de l’humour noir scandinave (Anders Thomas Jensen), des projections nocturnes dont une soirée nanars, une conférence sur le comique dans le cinéma des premiers temps, des courts métrages, etc. Amateurs d’humour absurde, de films politiques et documentaires, de romance, d’underground, de fantastique, de burlesque, etc. : tout le monde devrait y trouver son compte ! L’humour traverse les genres. Ah et aussi : le bar sera ouvert jusqu’à 4h du matin !
Quel est ton film d'humour préféré ?
Il y en a tellement ! Mais s’il faut choisir je dirais Charlie Chaplin dont l’humour est à la fois engagé, touchant, populaire et absolument indémodable. Ses films m’émerveillent à chaque fois comme au premier jour. Cette année au VIFFF, on a choisi Les Lumières de la Ville, l’un de ses films qu’on affectionne particulièrement.
Vevey International Funny Film Festival du 30 octobre au 1er novembre Rex 1, Rex 4, à l’Astor et au Café Littéraire. Vevey