Entre deux bières tirées et quelques exercices de calcul mental, l’autre côté du bar s’avère un lieu de premier choix pour prendre le pouls du festival. Impressions choisies.

Chaque été depuis 2014, à la mi-juillet, la place Georges-Python se transforme en un joyeux espace dédié à la musique. Tentes et scènes apparaissent soudain de partout, comme jaillies tout droit du sol. Et pour quelques jours, les pavés usés de l’emblématique place résonnent des vibrations des basses et du pas dansant de la foule. Six jours durant, la fête bat son plein : sur la scène défilent des artistes aux styles variés, et les groupes de la région côtoient les têtes d’affiche internationales.

Projecteur sur la prog’

Chaque soir, ce sont trois artistes qui se produisent sur la grande scène. Parmi cette longue série de concerts entendus pour certains d’une demi-oreille, quelques coups de cœur se détachent du lot. Mercredi soir, le parisien Alpha Wann concluait puissamment la première soirée du festival entièrement dédiée au hip-hop. Des rimes percutantes, un flow technique et maîtrisé, et l’art de chauffer la foule : le rappeur a conquis son public, par ailleurs plus jeune que lors des autres soirées.

Gijon’s Tears a hypnotisé la foule.

 

Vendredi, c’est le fribourgeois Gjon’s Tears – ancien élève de la Gustav Academy et demi-finaliste de The Voice France – qui envoûtait dès 19 heures une place Georges-Python pleine à craquer et complètement séduite. Il faut dire que la puissance vocale du jeune homme laisse bouche bée. Alors que l’ambiance du vendredi soir est plutôt à l’apéro after-work qu’à une écoute minutieuse de la programmation musicale, il régnait face aux envolées virtuoses de Gjon’s Tears un silence quasi-religieux.

Plus tard le même soir, c’est le suisse-allemand Crimer qui embrasait la place de ses sons disco-pop tout droit sortis des années 80. Il se dégage du chanteur une énergie folle et terriblement contagieuse : après quelques morceaux, c’est une foule en transe qui se pliait de bonne grâce à l’injonction répétée de « Dansez maintenant ! ». On ressort de ce concert en sueur, épuisé·e mais étrangement libéré·e de s’être laissé·e emporter dans la folle danse du maître zurichois.

Balthazar, pour finir en beauté – @Diane Deschenaux

 

Le samedi enfin, les Belges de Balthazar ont impressionné par leur présence scénique et ont conquis le public avec leur pop-rock indie motivant et bien senti.

Comme un goût de vacances

Mais ce que l’on retiendra du festival des Georges, au-delà de la programmation riche, c’est l’ambiance conviviale qui y règne. Ça sent l’été à plein nez : les gens sont détendus et prompts à partager quelques verres avec les nombreuses connaissances qu’ils sont sûrs de croiser plus d’une fois au cours de la semaine.

La folle transe de Crimer a secoué la place Georges-Python.

C’est pour tout Fribourg l’occasion de se retrouver sous un soleil clément. Le festival fait également la part belle aux familles, et nombreux·ses sont les enfants que l’on peut apercevoir danser avec entrain, des casques de protection colorés sur les oreilles. Le seul bémol à cette ambiance détendue : le public passe parfois plus de temps à discuter avec son·sa voisin·e qu’à apprécier le concert qui se joue devant lui, surtout lors des soirées gratuites où il semble être plus question de se retrouver autour de quelques verres que de venir découvrir des groupes. Cette petite fausse note se laisse cependant vite oublier tant les gens paraissent satisfaits de leur soirée. Tant côté foule que côté staff, l’ambiance est bon enfant. Le travail titanesque que représente la mise en place d’un festival est fait avec le sourire et dans la simplicité, et chacun·e se sentira sur la place comme chez soi.

Que retient-on, au final, de cette édition des Georges ? Six jours musicaux délicieusement intenses, un soleil radieux, quelques jolies surprises et un festival qui trouve finalement un bel équilibre entre programmation intéressante et espace de rencontres pour égayer l’été fribourgeois. Et lorsqu’au lundi soir la place Georges-Python apparaît à nouveau nue, débarrassée de toute trace de la semaine écoulée, il flotte dans l’air un léger goût surréel – comme si la ville s’éveillait doucement d’un drôle de songe… À l’année prochaine !

Pour en savoir plus : https://www.lesgeorges.ch/fr

Crédits photo: Nikita Thévoz