Du 13 mars au 08 mai 2016, le Fri-Art expose la célèbre Liz Taylor Series de Kathe Burkhart. Une occasion à ne pas manquer ?

Liz Taylor ! S’il y a bien un nom capable d’évoquer le cinéma hollywoodien des années 50, son glamour technicolor, sa profusion de péplums et ses cohortes d’icônes, c’est bien celui-là ! Mais tandis que le FIFF projette ses dernières toiles et met les femmes à l’honneur avec sa sélection Plus féroces que les mâles, Kathe Burkhart, elle, a choisi un autre medium pour parler de La Femme et à travers elle des combats vécus aux quotidiens par une bonne moitié de l’Humanité.

Qui a peur de Liz Taylor ?liz

L’Américaine Kathe Burkhart est à la fois artiste, peintre, écrivaine et critique et produit des œuvres résolument féministes, tournées sur des femmes radicalement engagées. Ses œuvres les plus connues sont liées à The Liz Taylor Series, une série de 300 toiles, peintures, dessins et imprimés que l’artiste produit depuis 1982.

Pourquoi prendre la célèbre actrice comme porte-étendard ? Selon l’artiste, la vie de cette icône devenue une célébrité à 9 ans témoigne des contradictions douloureuses entre vie privée et célébrité. Femme de scandales, plusieurs fois mariée et divorcée, aux nombreux amants, Liz Taylor semblait parfois vivre au quotidien les tumultueuses relations qu’elle incarnait à l’écran.

« Fuck you » le bon goût ?(C)FlorianMottier2

Basés sur des « productions still » ou des photographies de paparazzis, les peintures de Kathe Burkhart invitent à se projeter dans la toile, à en dérouler l’écheveau de violences et de signifiés qui accompagnaient généralement les originaux pour pointer la violence symbolique des stéréotypes hollywoodiens. Est-ce efficace ? C’est à chacun d’en juger. Les peintures, essentiellement des aplats renforcés de collages, évoquent le pop-art et leurs couleurs criardes peuvent en rebuter plus d’un. Les œuvres sont accompagnées d’un titre qui donne parfois une clef de lecture pour saisir le tableau. Up your ass, turd, Pissed, Lick Bush, Fuck You, Putain semblent autant d’interjections jetées à la face du spectateur pour lui faire ressentir le prix et la violence d’une vie aussi libre que celle de l’actrice hollywoodienne. Ces tableaux, simplistes à première vue, s’enrichissent parfois de détails renouvelant toute la lecture de la toile.

Ici une collection de livres BDSM côtoie des ouvrages de spiritualités, là un bijou incrusté dans le tableau rappelle l’amour de Liz Taylor pour les parures précieuses. Quant à l’Oscar, il envoie une pique mordante aux élus et aux censeurs de ce cénacle doré !

L’accumulation de toiles, aux mêmes couleurs et toujours dans le même style pourra paraître lassante à certains visiteurs. N’est pas artiste conceptuel qui veut, et on peut parfois regretter que le sujet et le style aient aussi peut évolués dans une série qui dure depuis près de 30 ans.

Liz Taylor, reflets dans un oeil d’or

Cette exposition n’en est pas moins très intéressante et en faisant le choix, audacieux, d’inviter une artiste plutôt connue aux USA à Fribourg, le Fri-Art s’offre le luxe de parler de cinéma, de femmes et de proposer une belle exposition à celles et ceux qui voudraient prolonger la réflexion entamée par certains films du FIFF. Car au-delà de la violence des images, cette série d’œuvres constitue un hommage, teinté d’ironie, à la belle aux yeux d’améthyste.

Florian Mottier

Horaires normaux
 Lundi et mardi : sur rendez-vous 
 Mercredi et jeudi : 12h - 18h 
 Vendredi avec nocturne* : 12h - 22h 
 Samedi et dimanche : 13h - 18h

* Entrée libre à partir de 19h