Frédéric Molas et Sébastien Rassiat forment un des duos les plus célèbres de Youtube. A travers leur chaîne « Le Joueur du Grenier », ils dissèquent le meilleur des pires jeux vidéo. Rencontre !
Spectrum : Comment en êtes-vous venus au Joueur du Grenier ?
JdG : On s’est tout d’abord occupé de vidéo Seb et moi. On faisait de la vidéo institutionnelle et quand notre contrat est arrivé à son terme, on s’est dit que pour les six mois restant, on pourrait commencer le JDG. On a continué quelques mois sur le chômage et de fil en aiguille, ça a marché. On a rencontré Bob Lennon [ndlr : un autre Youtubeur célèbre] qui nous a expliqué comment en vivre et on s’est lancé.
Quelle est votre source d’inspiration ?
Notre source d’inspiration principale reste The Angry Video Game Nerd de James Duncan Rolfe. On a repris l’idée d’un personnage identifiable ainsi que d’un décor fixe et immédiatement reconnaissable tout en l’appliquant aux jeux rétro. C’était quelque chose qui se voyait peu en France à l’époque. Il y avait quelques « Let’s play » sur Dailymotion, mais il n’y avait pas d’émission qui était formatée pour avoir une identité visuelle forte. On s’est donc inspiré du format, mais pas du fond et ça nous a amené au Joueur du Grenier.
Est-ce que vous avez encore du plaisir à simplement jouer aux jeux vidéo ?
J’ai toujours un immense plaisir à jouer, quand j’ai le temps. Je n’hésite pas à regarder une série ou à jouer à de bons jeux. Par contre, c’est évident que je ne vais pas jouer à des jeux de plateforme le soir pour me détendre. Par contre, ce qui est sympa c’est qu’on a un seuil de tolérance plus haut maintenant. Lorsqu’il y a des gens qui nous disent qu’un jeu est nul, on est généralement beaucoup plus tolérant. On a testé des jeux suffisamment mauvais pour pouvoir apprécier n’importe quel jeu !
Est-ce vous pensez qu’il existera encore un rétro-gaming sur les jeux de notre époque ?
Bien sûr qu’il y aura encore du rétrogaming ! Les jeux du début de la PS2 sont parfois aussi moches que certains jeux de la fin de la PS1. D’ailleurs, elle commence déjà à avoir les pieds dans le rétro. La PS2, elle, a duré très longtemps. Elle sera complètement rétro dans 4-5 ans. Je pense qu’on va toucher un cap mais je ne m’inquiète pas.
Comment gérez-vous la réalisation et l’écriture d’épisodes de plus en plus complexes ?
Il faut bien comprendre que le JDG c’est toujours le même principe: tester des jeux vidéo qui sont mauvais. Et donc c’est tout le temps pareil. C’est tout le temps le même genre de blague à réinventer. On se sert donc de l’intro, la conclusion et des mises en scène pour créer quelque chose d’unique.
Ça fonctionne vraiment comme un emballage de chaque épisode et ça permet aussi d’enrichir l’univers qu’on essaie de créer autour du Joueur du Grenier. Et surtout ça nous permet de nous faire plaisir. S’il n’y avait pas ces mises en scène là, on se serait arrêté il y a deux ans parce que toutes les vidéos sont pareilles au fond.
Est-ce que vous avez des jeux si mauvais, si difficiles que vous ne les avez pas présentés ?
Non, ça ne nous est pas tellement arrivé. Les seuls jeux qu’on ne peut pas montrer, ce sont les jeux pénibles et vides. On s’ennuie en y jouant et ce n’est pas drôle à regarder ou présenter. Il faut un jeu qui soit mauvais mais qui soit suffisamment rempli. Le pire exemple que j’ai c’est Excalibur 2555 A.D. qui est l’exemple parfait du jeu vide à mourir d’ennui et sur lequel il faut aller chercher les blagues extrêmement loin. Parce qu’en plus d’être mauvais, ce jeu est totalement vide.
Vous vous voyez continuer comme ça ?
Je n’aime pas me projeter dans le futur. On voit vraiment à court terme. On ne se forcera pas. On ne veut pas faire des vidéos pour faire des vidéos et le jour où on verra qu’on a perdu la foi, on arrêtera. On ne veut pas presser le citron au-delà du raisonnable. Je n’ai pas envie de devenir pathétique. L’Angry Video Game Nerd, par exemple, aurait peut-être dû arrêter plus tôt tant il semble se forcer depuis quelques temps. En tout cas, pour l’instant, on a pas envie de s’arrêter !