Dans la catégorie « Concorso Internazionale », le festival de Locarno nous propose « Der traumhafte Weg » (Le chemin rêvé) dont l’attrait nous échappe quelque peu sauf si le film est à considérer comme parodique.
« Der traumhafte Weg » commence par une histoire de couple-chanteur-de-rue en Grèce et se termine à Berlin, par le récit cliché d’une actrice nous commentant son rêve devenu réalité avec autant d’émotion qu’un canard empaillé.
En réalité, le film ne démarre jamais vraiment. On attend désespérément que le rythme s’accélère, on attend des réactions émotionnelles de la part des personnages, quelques cris, une petite larme,… Les silences et les longs regards, lourds de sens dans certains films, ne sont ici que matière pour le spectateur à bailler d’ennui. Ou à rire.
En effet, dans cette scène, par exemple, où le mari quitté visite un appartement en traînant son regard bovin avec une lenteur qui bat des records. Le spectateur croit entrapercevoir entre lui et la femme qui lui fait visiter l’appartement, une tension sexuelle, alors quand l’homme du film ferme le store automatique (très lent lui aussi, comme si les objets suivaient sur ce point les personnages inertes), le spectateur se dit « Ah… » et se montre un peu plus attentif espérant qu’il se passe enfin quelque chose sur l’écran. Et quand l’homme du film est lentement ré-éclairé, petite figure de style cinématographique, cherchant à signifier au spectateur que l’homme du film est en train de rouvrir le store automatique, le spectateur, en se tapant la tête mécaniquement sur le siège de devant se dit que si l’effet est comique, si tout cela tend à se moquer de lui, c’est tout à fait réussi. Sa seule envie est de sortir en courant de la salle mais il reste malgré tout, tentant de comprendre le sens du film et de sa vie aussi.
En guise de supplément à cette construction de personnages non aboutie et cette lenteur intenable et inutile parcourant tout le film, le spectateur est censé comprendre que les personnages sont liés par des « destins croisés ». Le manque de subtilité nous pousse à nouveau à nous rassurer en classant cela comme parodique : considérer ce film comme une immense moquerie s’avère être le seul moyen de le défendre.