Chroniques de Locarno : Episode III

Jeudi soir, le dernier film de Ken Loach : « Moi, Daniel Blake » a été présenté au public de la Piazza Grande. Le réalisateur était par ailleurs présent le lendemain pour une conférence.

Daniel Blake, la soixantaine, doit arrêter de travailler en raison d’un problème cardiaque, mais l’assurance invalidité lui est refusée. Il tente de se battre contre un système absurde et injuste. Il se lie d’amitié avec Katie, une mère célibataire, elle aussi victime de ce fonctionnement social défaillant.

Ken Loach nous met face à un sombre état de fait, une réalité où la cruauté et l’individualisme règnent, mais il met cela en perspective avec quelque chose de meilleur, il nous montre que la solidarité humaine est aussi possible, il ouvre une petite porte à d’autres solutions. C’est ce qui rend le film poignant, en plus du jeu extrêmement sincère et juste des acteurs. Le réalisateur affirme qu’il aime faire travailler ses acteurs dans la spontanéité et l’écoute.

Le film nous plonge dans un monde tout à fait réaliste, où les personnes en difficultés financières sont punies de l’être. Infantilisées, elles sont réduites à perdre toute dignité, tout respect d’elles-mêmes. L’argent passe avant l’être humain. Daniel Blake se bat pour rester digne jusqu’à la dernière minute, c’est ce qui le rend attachant, c’est ce qui le rend héroïque et c’est ce qui donne aux spectateurs l’envie de lutter avec lui. On le remarque dans la conférence : le film appelle à être révolté et Ken Loach en est le porte-parole, il expose un problème et on lui demande la solution : « Comment faire pour que ça change ? » « Comment se battre contre le capitalisme ? ». Penser à la possibilité qu’il y a un espoir, même minime pour que la situation change et croire en la solidarité du groupe. C’est ce qu’il répond. C’est ce qu’on entrevoit dans son film.

Merci Ken Loach !

Coralie Gil