Nous avons tous appris que les autorités de notre belle université envisagent d’augmenter les taxes d’étude. Pourquoi ? Il ne semble pas nécessaire d’être devin pour savoir que l’Université et tout particulièrement l’État de Fribourg cherchent des sous dans chaque recoin du canton. De l’or, toujours de l’or, comme l’a affirmé de Funès dans une de ses œuvres cinématographiques.
Mais pourquoi augmenter la taxe sur les études ? Qu’on me permette d’avancer une hypothèse : c’est un moyen de prélever des ressources en courant un minimum de risques politiques.
Si on se penche sur les dernières statistiques de l’Université de Fribourg, nous apprenons que 76% des étudiants ne sont pas originaires du canton de Fribourg. En somme, trois personnes sur quatre n’auront pas le droit de vote dans cette très belle contrée. Conclusion, l’Université manque de ressources et quel meilleur moyen de lui en procurer que de taxer ceux qui à 76% ne voteront pas aux prochaines élections ? En plus, les 24% restants sont tous très jeunes et représentent donc une population qui tend à aller avec moins de ferveur à l’urne que le reste du bon peuple fribourgeois. C’est d’une certaine manière le rêve de tout politicien : pouvoir imposer des gens qui ne pourront pas voter contre vous à la prochaine échéance électorale.
L’alternative à la hausse de la taxe d’étude serait de financer l’Université via les recettes fiscales de Fribourg. En somme, à travers l’argent de ceux qui d’une manière écrasante auront le droit de vote aux prochaines élections et qui auront la ferme intention de défendre leurs revenus de la rapacité du fisc. Et même ceux qui ne votent pas, pourraient potentiellement protester et décider de faire pression sur leurs représentants parlementaires. Pourquoi donc se fatiguer à prendre le risque de taxer son électorat ? Pourquoi ne pas tout simplement passer par la taxe d’études en sachant que trois quart de la taxe tombera sur des gens non-fribourgeois et que le quart restant posera peu de risque de se retourner contre vous aux prochaines élections ?
Que pourrait-il vraiment arriver ? Une AGEF se sentant trahie et consternée ? Peut-être. Toutefois, la rage se tournera en premier lieu vers la Rectrice qui d’une certaine manière devra bon grès mal grès absorber la colère du bas peuple pas content. Même, madame Astrid Epiney, élue depuis peu de temps, risque d’être la dinde de la farce si la hausse des taxes génère une crise de confiance entre l’AGEF et le Rectorat.
Toutefois, cela n’est pas le problème du gouvernement fribourgeois. Lui, il aura le profit de l’opération en laissant la nouvelle rectrice payer la facture. Hélas, il est fort probable que madame Astrid Epiney soit la grande perdante dans cette histoire car il est peu plausible que les autorités cantonales de Fribourg se retrouvent un matin avec une foule d’étudiants armés de fourches et de torches, prêts à faire passer le gouvernement cantonal par la corde.
Pour conclure, les taxes d’étude sont une façon de créer des ressources pour l’Université en minimisant les retombées négatives pour le gouvernement de Fribourg. En pouvant se passer partiellement des ressources cantonales, la classe politique fribourgeoise peut donc affirmer avoir trouvé une manière de renforcer l’Université, une institution stratégique pour le canton, sans devoir faire tomber tout le coût sur l’électorat fribourgeois. Bref, c’est du gagnant-gagnant…du moins pour les politiciens fribourgeois. Hourra !