Cette mesure financière durable cherche à lever le voile sur la destination des investissements des établissements universitaires. Existerait-il un lien entre leurs placements et les énergies fossiles ? Spectrum a enquêté.

Il est aujourd’hui indubitable que les activités humaines sont une des causes du réchauffement climatique. Notamment à cause de l’utilisation du charbon et de l’évolution croissante des émissions de gaz à effet de serre, dont le dioxyde de carbone (CO2). Les établissements universitaires se sont vus dans l’obligation de prendre des mesures qui touchent notamment le secteur financier pour contrer cette tendance. Le désinvestissement est une des solutions avancées qui a été mise en œuvre en 2016 au sein de l’Université de Lausanne par exemple. Ainsi l’établissement a totalement désinvesti du secteur du charbon.

Un travail de sensibilisation

Entre 2015 et 2016, les Universités de Lausanne et de Genève accueillaient des cycles de conférences sur la thématique du désinvestissement pour sensibiliser les étudiants. Cette démarche, qui vient des universités privées anglaises et américaines, pousse les hautes écoles à ne plus investir dans des projets ou dans des établissements qui ont un lien avec les énergies fossiles. Il en va de même des caisses de pension auxquelles les hautes écoles sont affiliées. « Les universités peuvent faire pression sur ces établissements. C’est le cas par exemple de la caisse de pension Publica qui a désinvesti du charbon », explique Victor Kristof, coordinateur du groupe de travail pour le désinvestissement au sein de l’Université de Lausanne et de l’EPFL.

La durabilité à Fribourg

En 2016, la NEUF avec la collaboration de l’AGEF et du rectorat ont fixé les revendications concernant la durabilité au sein de l’Université. Une d’entre elles se rapporte spécifiquement aux investissements : « Les investissements financiers des hautes écoles doivent être réalisés de telle sorte qu’ils ne soutiennent aucune pratique commerciale nuisible à l’environnement ou à la société ». Selon le service financier de l’Université de Fribourg, ce point est totalement respecté. Il n’existe donc aucun lien direct entre notre établissement et des placements en relation avec les énergies fossiles. Quant à la NEUF, elle ne compte pas mener un projet de désinvestissement pour le moment au sein de notre université.

Existerait-il cependant un lien indirect, notamment par le biais de la Banque cantonale de Fribourg où l’argent de l’Université est placé ou à travers la caisse de pension de l’Etat de Fribourg ? Concernant la BCF, celle-ci a émis 1’335 tonnes de CO2 en 2013. Le solde de ces émissions de carbone est cependant entièrement compensé par l’achat de certificats, qui visent notamment à réduire l’émission de gaz dans l’hémisphère sud de la planète. Ou comme on dit dans le jargon, « fais ce que je dis, mais pas ce que je fais ».

Quant à la caisse de compensation, nous n’avons à ce jour reçu aucune réponse. Enfin, la part de financement privé de l’Université est de 25%, mais impossible de savoir s’il existe un lien avec les énergies fossiles vu que l’identité de ces établissements privés n’est pas connue (Liberté du 28.12.16). Il est donc fortement probable que l’Université soit liée indirectement aux énergies fossiles mais cette relation reste difficilement chiffrable.

Les universités comme modèles

Selon Victor Kristof, les établissements universitaires se doivent de montrer l’exemple et ainsi, de faire passer un message clair aux acteurs financiers. De plus, la cohérence des actions des universités concernant la durabilité est importante. Les efforts qu’elles conçoivent pour promouvoir la mobilité douce ou le tri des déchets sont des démarches justes mais qui ne suffisent pas. Ainsi, le désinvestissement est un pas supplémentaire vers l’autonomie face aux énergies non renouvelables.

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