Jusqu’ici restée silencieuse face au témoignage relatif à l’affaire d’homophobie évoquée dans notre dernier numéro, la Faculté de théologie de l’Université de Fribourg prend finalement la parole dans notre magazine. Mise au point.

L’affaire ayant été rendue publique dans l’ensemble de la Suisse et ayant provoqué une manifestation organisée par LaGO dans la cour de l’Université mardi 8 octobre dernier, la Faculté de théologie a désormais officiellement pris position. Parmi les intervenant·e·s : le doyen actuel Mariano Delgado, l’ancien doyen Luc Devillers et le professeur Helmut Zander. On vous laisse découvrir.

Doyen actuel de la Faculté de théologie

Mariano Delgado, actuel doyen de la Faculté de théologie. ©Mirages Photography Fribourg

Récemment, le doyen Mariano Delgado a pris position publiquement. « La Faculté de théologie a pris ces allégations anonymes au sérieux et mènera une enquête approfondie. Car l’homophobie va à l’encontre non seulement des principes de notre État de droit et des critères de qualité de l’enseignement académique, mais aussi des principes d’une bonne théologie », explique-t-il. Le doyen actuel nous explique que l’homosexualité n’est pas considérée comme une maladie qui devrait être soignée par des thérapies, qui relèveraient « de l’abus spirituel ». En accord avec l’enseignant·e, le cours actuel a été officiellement suspendu. « Si les allégations sont fondées, ce qui n’est en aucun cas préjugé par la suspension du cours, la faculté prendra les mesures nécessaires », informe Mariano Delgado.

Ancien doyen de la Faculté de théologie

Luc Devillers, ancien doyen de la Faculté de théologie. @Isabelle Aeby

L’affaire remontant à 2017, c’était à l’époque le professeur Luc Devillers qui occupait le poste de doyen de la Faculté de théologie. Pour rappel, le témoignage mentionnait que le doyen s’était contenté de renvoyer l’étudiant·e vers l’enseignant·e accusé·e d’homophobie. Ayant lui-même lu l’article en question, Luc Devillers s’exclame : « la publication de cet article m’a profondément choquée. En tant qu’ancien doyen, j’y suis mis en cause injustement ! ». Revenant sur les faits, il dit avoir à l’époque « encouragé [le·la témoin] à rencontrer la personne qui avait donné le cours incriminé » et n’ayant plus eu écho de cette affaire, il a cru « de bonne foi qu’il·elle avait pu parler avec ces enseignant·e·s, et que l’affaire était apaisée sinon close ». Insistant sur une « dimension de dialogue », l’ancien doyen déplore la manière dont cette affaire a été gérée. « Je ne peux pas non plus oublier la principale victime de cette affaire : l’enseignant·e injustement accusé·e d’avoir tenu des propos qu’il·elle nie avoir tenus », confie-t-il.

Professeur·e·s présent·e·s à la manifestation

Mardi 8 octobre dernier, une manifestation a eu lieu dans la cour de Miséricorde, le but était de faire réagir la Faculté de théologie et le Rectorat pour qu’ils prennent des mesures concrètes sur le long terme contre les discriminations LGBTQIA+-phobes. Parmi les manifestant·e·s, nous avons trouvé quelques professeur·e·s de théologie rassemblé·e·s spécialement pour l’occasion. Deux d’entre eux·elles ont pris la parole publiquement lors d’un discours improvisé, dont Helmut Zander, professeur des Sciences de la foi et des religions au sein de la Faculté de théologie. À propos des membres du corps professoral présents à la manifestation, il déclare aux manifestant·e·s : « ceci est le signe que nous prenons vraiment au sérieux vos demandes. Ce qui s’est passé ne correspond pas à la position de la faculté, ni d’un point de vue scientifique ni éthique ». La foule acquiesce. « Nous allons nous emparer de votre demande et la comprenons. Nous sommes prêt·e·s à en tirer des conséquences », conclut Helmut Zander.

Deux professeurs de la Faculté de théologie prononcent un discours lors de la manifestation du 8 octobre 2019, dont Helmut Zander (à gauche). @Kaziwa Raim

Crédit photo: ©Mirages Photography Fribourg