Primasch ? C’est ce dandy violoniste qui a un jour brouillé les limites du répertoire classique. C’est cet artiste un peu fou, un peu excentrique, qui a osé brancher son violon sur l’électricité. Zoom sur son dernier concert.

Le violon ? Oui. La musique classique ? Trop restrictif. En lâcher pour autant son archet ? Quelle idée !

Samedi 12 septembre, c’est à la galerie Trace-Ecart à Bulle, dans le cadre de l’événement La petite altitude, que Jean-Christophe Gewrysiak (alias Primasch) fait vibrer les cordes de son violon. Au milieu d’une exposition de photographies réalisées par Jacques Maillard, il nous présente son concert en solo SEWN – pour South, East, West et North –, en avant-goût d’un projet d’opéra en vue du festival Altitudes en juin 2020, en collaboration avec le Chœur des Bâtards et le Grand Collector Orchestra.

Costume raffiné, cheveux coiffés en catogan, panama sur la tête : rien que son allure, elle donne le ton d’une soirée surprenante et insolite. Et pourtant, pour les non-initié∙e∙s de sa musique, Primasch s’avance avec un simple violon en main. Rien ne pourrait éveiller les soupçons, si ce n’est sa prestance et une pédale looper (instrument qui permet la répétition d’une séquence musicale) à ses pieds. Les idées reçues sur le violon se dissipent rapidement. En exploitant chaque matériau sonore possible de son violon, Primasch sait étonner autant les averti∙e∙s que les néophytes.

Au moyen de sa pédale looper, l’audacieux artiste superpose séquence musicale sur séquence musicale enchaînant des morceaux allant crescendo, dont les points culminants imprègnent la galerie d’une atmosphère à la fois grandiose et festive. Le mélange des genres est frappant. Une impression d’entendre un orchestre prédomine l’ensemble de la soirée. Ou alors est-ce un groupe de rock ou de jazz qui se produit ? Peut-être les trois à la fois ? Primasch n’a pas eu la main morte dans le mélange des genres : son crossover mêle classique, blues rock, jazz, sans oublier une touche de folklore hongrois et roumain. Cette prouesse n’est permise que parce qu’il exploite son violon dont on ne soupçonne pas certaines sonorités. Entreprenant, Primasch lance des ostinatos (motif rythmique répété) au moyen de pizzicatos (technique de jeu qui consiste à pincer les cordes) ou de frappes portées à la caisse de résonnance. Tout à la fois, Primasch superpose des lignes mélodiques tantôt crues et vives, tantôt mélancoliques et grinçantes. Le musicien colore son jeu d’un caractère tzigane et peut aussi, s’il le veut, transformer son violon en guitare électrique.

Primasch, c’est cet artiste fantasque qui ne se refuse rien, c’est cet artiste ingénieux qui, en une seule soirée, entraîne ses auditeur∙trice∙s dans un voyage où classique, blues rock, jazz et musique tzigane se rencontrent, au plus grand plaisir des voyageur∙euse∙s.

Crédit Photo: Juan Vergara