Ayant pour cadre les paysages somptueux d’Australie, le très juste Sweet Country explore les relations souvent cruelles qui unissent colons et indigènes.

1920, Sam Kelly, aborigène, travaille avec sa femme pour Fred Smith, un prêcheur, dans l’Outback australien. C’est le seul homme blanc qui, semble-t-il, les traite comme des égaux. Plane alors une menace sur la quiétude ambiante : l’arrivée d’un certain Harry March, alcoolique et rendu à moitié fou par la guerre. Pour lui, les aborigènes ne sont que du « bétail noir » et n’ont, pour ainsi dire, aucune valeur. Lorsque le prêcheur décide de lui rendre service et demande à son employé d’aller lui donner un coup de main sur sa propriété, il ne se doute pas un instant des conséquences dramatiques qu’aura cette simple décision sur leur vie à tous.

Ce long-métrage aborde la question des relations entre colons et aborigènes d’Australie grâce à un système ingénieux qui imbrique flashforwards et présent. Ainsi, le spectateur est soumis à une tension permanente : entre l’envie de croire que les choses vont aller en s’arrangeant et le fatalisme créé par des indices, qui ne laissent aucun doute quant à la finalité de l’intrigue. Captif de cet ingénieux stratagème, il ne peut alors qu’assister impuissant aux étapes qui mèneront à une fin bouleversante.
Si l’action se déroule dans les années 20, les thématiques qu’elle aborde sont, elles, toujours d’actualité : simulacre de justice, racisme, colonialisme… Sorte de rappel que la discrimination est universelle et que ce n’est pas parce qu’elle existe depuis la nuit des temps qu’elle ne concerne que le passé.

L’esthétisme du film participe lui aussi, à l’ambiance particulière de chaque plan : lever et coucher de soleil flamboyant, diversité des paysages australiens… la beauté sublime du cadre souligne encore le tragique des actes dont elle se fait le théâtre.
Une preuve parmi tant d’autres que le cinéma australien travaille à asseoir sa réputation.
Et s’il vous faut une raison de plus, Fred Smith est campé par le talentueux Sam Neil (L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux , Jurassic Park, L’homme bicentenaire) qui ne se contente pas de jouer son personnage, mais le fait vivre.

Sweet Country
Warwick Thornton
Western
2017
Australie
110 minutes

Crédits photo: © FIFF