Le FIFF nous offre quelques pépites dans la catégorie des courts-métrages internationaux.
« Ombliguo de agua (Water Navel) » de Laura Baumeister, Nicaragua et Mexique, 23min
La vie d’une jeune femme, coincée entre un avenir brillant tout tracé, corollaire d’une vie jalonnée de réussites diverses, et une addiction grandissante au crack. Le court-métrage est une plongée dans le fossé qui s’agrandit jour après jour entre sa vie officielle avec sa famille on ne peut plus classique dans une jolie maison et sa vie d’addiction plus ou moins voulue et de moins en moins contrôlée, dans laquelle elle se perd un peu plus à chaque instant.
« Gümüş (The Gentle Sadness of Things) » de Deniz Telek, Turquie, 16min
Après la mort de son père, Ali ne veut pas laisser sa mère seule. Il revient donc la chercher pour l’emmener vivre avec lui en ville. Mais pour cela, il faut d’abord se débarrasser des affaires de son père, de la maison et surtout de Gümüş, leur vieux chien. Comme toujours dans ce genre de situation, les choses ne sont pas aussi simples qu’elles en ont l’air. Le court-métrage exprime avec subtilité l’amertume douceâtre qui s’échappe de ce genre de moment, lorsque se débarrasser des objets réveille les émotions et souvenirs de vie qui s’y rattachent.
« Franco » de Mariana Martínez Gómez, Mexique, 13min
Le jeune Franco est photographe de presse au Mexique. En compagnie de collègues d’autres journaux, il couvre le meeting électoral d’un homme politique connu pour être violent. Témoin d’un incident au début de la rencontre, il décide de prendre le risque de le photographier. Jusqu’à ce que son regard croise celui des gorilles du service de sécurité, qui n’apprécient pas du tout ce témoin gênant. Pris en chasse, il doit fuir.
Ce court-métrage se fait le reflet de la situation tendue de la presse, dans un pays où la population, autant que les journalistes, en a marre de subir la violence politique en détournant le regard. Treize minutes de plongée dans la réalité d’un ailleurs pas si lointain, pendant lesquelles vous n’oserez pas respirer.
« La Mazda Jaune et Sa Sainteté (The Yellow Mazda and His Holiness) » de Sandra Heremans, Rwandan, 11min
Retour aux sources pour le premier court-métrage de la jeune cinéaste métisse. Elle nous emmène dans le voyage de sa vie, de ses racines originelles à son enfance, au travers d’archives personnelles. Tour à tour rythmées par la voix de sa mère et sa propre voix, les images diverses et photos de famille se succèdent. L’une raconte sa rencontre avec son futur mari, alors missionnaire catholique au Rwanda, l’autre lit les lettres de son père aux autorités ecclésiastiques, demandes pressantes de pardonner son amour pour sa mère et son abandon du célibat. La réalisatrice nous livre une autobiographie visuelle aux accents d’authenticité touchants.
« Una Cabrita Sin Cuernos (A Little Hornless Goat) » de Sebastián Dietsch, Argentine, 14min
Ce court-métrage plante son décor dans l’Argentine des années 1970. Nous sommes en pleine dictature et on ne rigole pas avec la propagande communiste. Un livre pour enfants, Una Cabrita Sin Cuernos (Une petite chèvre sans cornes en français), sème la zizanie dans une école. En cause : le nom soviétique de l’auteur. Cela fait évidemment l’objet d’une dénonciation de la part d’une enseignante bien intentionnée et la police lance une enquête, persuadée d’avoir affaire à un complot communiste.
Le film est une petite perle d’humour et de légèreté, tournant en ridicule la peur des conspirations et dénonçant de manière plus générale le climat de délation et les copinages divers qui gangrènent la société de l’époque.
Crédits photo: © FIFF