J’ai perdu deux heures de ma vie.

« Pan ! Pan ! Pan ! Crac ! Boum! » Scénario de Buybust

Je ne me rappelle pas avoir un jour vu un film aussi nul que Buybust. Je suis pourtant bon public. Et je cherche toujours du positif dans le négatif, pour faire des critiques constructives et pas seulement destructrices. Mais malgré tous mes efforts, je suis obligée de m’avouer vaincue. Il n’y a rien à en garder.

Scénario post-it

Commençons par le scénario : il tient sur un post-it. Après que sa brigade ait été décimée, l’agent Nina Manigan est affectée à une autre unité. C’est avec sa nouvelle brigade qu’elle s’enfonce dans les bidonvilles de Manille pour débusquer un des plus grands barons de la drogue du pays. L’opération tourne mal et l’équipe se retrouve prise au piège. Ainsi commence le carnage pour essayer de sortir en vie de ce traquenard mortel. On n’est pas sur du très élaboré, mais il y a moyen d’en faire quelque chose. Au fur et à mesure que la nuit avance, on détecte une vague tentative d’étoffer un peu les personnages du film, mais leurs trois-quatre phrases jetées à la va-vite reposent sur une base tellement pathétique qu’elles n’ont pas le moindre effet. On a bien une héroïne principale badasse au passé trouble et au sale caractère, mais à quoi bon avoir un personnage presque correct dans un film minable au scénario inexistant ? Sans compter que le film souffre d’un sérieux déséquilibre entre une première partie qui met du temps à décoller et une seconde partie sans la moindre structure.

Un film à dynamiter

Qu’est-ce qui fait qu’on continue à regarder un film absolument pitoyable ? Les bastons démesurées et les explosions totalement exagérées ! Quitte à être nul, autant en faire un de ces films cathartiques que l’on aime d’un amour inavouable et interdit, où violence et badasserie sont les maîtres-mots. Mais visiblement, même remplir ces critères minimaux s’est avéré impossible pour le réalisateur. Le film n’est rien de plus qu’une explosion de violence gratuite sans aucune maîtrise cinématographique. Filmer des scènes de combat est un art qui requiert de la précision. Si les plans sont mal cadrés ou que les enchaînements sont mal montés, l’effet n’est pas atteint et la scène n’est plus qu’un immense fouillis sans aucun intérêt. Malheureusement, Buybust souffre de ces deux défauts réunis, ce qui rend les scènes illisibles et peu agréables à regarder.

Une bande-son foireuse

Vous pensiez qu’on en avait fini avec l’immense liste de défauts du film ? Rasseyez-vous. Vous en reprendrez bien une louche ? Pour compléter le tout, le film est doté d’une bande-son à l’image du reste : désastreuse. Comme dans n’importe quel film basique lorsqu’il faut instaurer une ambiance de désespoir, il pleut. Beaucoup et très fort. Je saisis bien que les Philippines sont dotées d’un climat où les pluies tropicales sont fréquentes, mais c’est la seule chose qui ressort de la bande-son. Le mixage est tellement mal fait que la pluie couvre même le bruit assourdissant des affrontements. Mais ce n’est pas très grave, dans la mesure où les bruitages des combats sont très étranges et mal synchronisés par rapport aux mouvements des personnages, probablement à cause du montage bancal des séquences.

On comprend bien qu’il y a derrière ce raté magistral une intention d’instaurer une tension et un sentiment d’étouffement, l’impression d’être définitivement pris∙e au piège, que ce soit par la bande-son ou par l’enchaînement rapide des plans de fuite et le cadrage des combats. Mais c’est un échec. Le film donne l’impression d’avoir été réalisé par des gens qui n’ont aucune idée de ce qu’ils font, mais des débutant∙e∙s auraient au moins soigné le scénario, ce qui n’est clairement pas le cas ici.

Si quelqu’un vous suggère d’aller voir ce film, fuyez et abandonnez cette personne, vous ne pouvez plus rien pour elle de toute manière.

Buybust
Erik Matti
Action
Philippines
2018
127 minutes
Crédits photo: © FIFF