ON CONTINUE AVEC L’EXTRÊME-ORIENT : COMPTE-RENDU DE TROIS CHEFS-D’ŒUVRE RÉCENTS DU CINÉMA DE GENRE ASIATIQUE – DU JIDAIGEKI GORE AU FILM DE MONSTRE COLLÉGIEN EN PASSANT PAR LA COMÉDIE D’INVASION D’EXTRATERRESTRES.

 

BLADE OF THE IMMORTAL

Un samouraï déchu obtient l’immortalité grâce à des vers qui recousent ses blessures et créent au fur et à mesure des combats de nouvelles cicatrices. Son pouvoir justifie la violence des nombreuses attaques auxquelles il est confronté. Un carnage sanglant et assumé domine l’écran, où les membres se font trancher comme si de rien n’était. Curieusement, on ne perçoit pas tant de malaise fasse au gore qui défile sous nos yeux. Cela serait peut-être dû aux bruitages qui accentuent les chocs des sabres et atténue les sons d’os brisé, de chair arrachée et de sang écoulé.
Blade est l’adaptation d’un manga éponyme (L’Habitant de l’Infini en français) qui s’avère être un monument de la culture populaire japonaise. Centième film de Takashi Miike, le réalisateur a annoncé avant la projection que ce long-métrage de près de trois heures serait d’autant plus long à cause de l’immortalité de son protagoniste. Une modification notable de l’œuvre originale est apparente : Originairement, le protagoniste le symbole spirituel de l’éternité brodé sur son kimono. Cela avait causé polémique en occident, car ce symbole rappelle un swastika nazie. Miike contourne le problème en remplaçant ce signe par celui, plus modeste, de l’homme seul.

 

BEFORE WE VANISH

Aux complotistes et à ceux qui perçoivent les films d’invasion extraterrestre comme étant trop rapides, Before We Vanish est pour vous. Contrairement aux films abordant des rencontres du troisième type, ce long-métrage prend son temps pour mettre le processus d’invasion en place. Il emprunte un style horrifique subtil et posé, un inquiétant mélange entre la comédie et la menace de l’inconnu, propre aux films d’auteurs japonais. En même temps, on y perçoit des références à cette catégorie de films de genre. Le spectateur attentif y retrouve notamment des clins d’œil à John Carpenter, icône dans ce domaine de cinéma l’horreur.
Ce long-métrage retrace donc la trajectoire de trois entités venue d’ailleurs ayant pris possession d’êtres humains. Projeté cette année à Cannes dans la section Un Certain Regard, ce long-métrage est une adaptation d’une pièce de théâtre qui parodie les films de science-fiction. Un envahissement de « body-snatchers »peut être moins spectaculaire que ce dont on est habitué, mais cela le rend d’autant plus crédible. Le spectateur y ressentira moins de sensations fortes immédiates, mais un frisson de « et si ça arrivait vraiment » ? En outre, Before We Vanish est le sucre lent des films d’invasion et par conséquent bon pour votre santé cinématographique.

MON MON MONSTERS

 

Non, ce film n’inclue pas de monstres bègues, conformément à ce qui en laissait déduire son titre.
Le long-métrage sud-coréen prend place dans un collège malfamé, où les écoliers qui sortent du lot se font mobber violemment et sans scrupules par toute la classe, sous l’œil bienveillant d’une prof aveuglée par le spiritisme. Car il ne s’agit pas uniquement d’un problème de génération ; tous les individus sont en faute.
Oui, il y a tout de même des monstres dans ce film, sauf que les monstres ne sont pas toujours ceux que nous croyons qu’ils sont. Mon Mon Monsters est une critique de la pression des pairs et du conformisme inhérent de la société. Même les êtres à l’apparence et au comportement que l’on qualifierait de monstrueux font preuve de plus d’humanité et d’empathie que les êtres humains. Mais est-ce qu’être humain implique forcément de la cruauté gratuite ?
Mon Mon Monsters est un film glaçant de vérité, et la présence d’êtres surnaturels renforce d’autant plus cette impression. Même comparé au bain de sang qu’est Blade of The Immortal, ce long-métrage mérite la mention « âmes sensibles s’abstenir ».

Crédits Photo : NIFFF
Site Officiel du Festival