QUITTONS AUJOURD’HUI L’ORIENT POUR NOUS CONSACRER À DES PRODUCTIONS OCCIDENTALES. VOICI TROIS FILMS EUROPÉENS QUI FONT PARTIE DE LA COMPÉTITION INTERNATIONALE DU NIFFF.

HOSTILE

Une jeune femme est seule et gravement blessée au milieu d’un désert post-apocalyptique, alors que la nuit tombe et que des monstres cannibales rôdent. En luttant pour sa survie, elle se remémore son passé, en particulier sa rencontre avec l’amour de sa vie. Ses souvenirs font échos aux épreuves qu’elle doit affronter pendant qu’elle attend les renforts et la levée du jour.
Ce long-métrage français comporte cependant une faiblesse majeure qui nuit beaucoup à sa crédibilité et à l’impact émotionnel recherché. La relation entre la protagoniste et son conjoint escale et prend des allures de Fifty Shades of Grey, dénuant ainsi les personnages de toute sympathie. De manière générale, Hostile a recours à des raccourcis scénaristiques des films romantiques et de survival horror.
A part cela, ce film est irréprochable : Excellente mise en scène équilibrant bien l’horreur avec les flashbacks romantiques, Hostile a aussi eu le bon réflexe de ne pas révéler tout de suite l’apparence de la créature contrairement à ce qui est trop souvent le cas ces derniers temps. Ce long-métrage pourrait se faire passer pour une production américaine plutôt que française, le spectateur n’y verrait que du feu.

MON ANGE

Le père ayant mystérieusement disparu, la mère met au monde un enfant parfaitement transparent qu’elle nomme « Mon Ange ». Elle élève son fils à l’abri des autres contacts humains par crainte qu’ils aient peur de lui. Un jour, une famille emménage en face de chez eux, et « Mon Ange » est intrigué par leur petite fille Madeleine. Il se décide un jour de lui rendre visite et sympathise avec elle, car Madeleine est aveugle et sens sa présence sans avoir à le voir. Quand on vous disait « l’amour est invisible pour les yeux », ici, il l’est littéralement.
Ce long-métrage belge est BEAU. Tire-larmes constant, les vannes lacrymales du spectateur restent ouvertes pendant toute la durée du film. C’est aussi une œuvre toute simple. Ayant peu recours aux effets spéciaux, elle est filmée en subjective avec la caméra qui fait office des yeux du protagoniste invisible.
Curieusement, Mon Ange a été scénarisé par Thomas Gunzig, romancier surtout connu pour son humour noir et dérangeant. Mais ici, il retourne complètement sa veste pour imaginer un film poétique, magique, touchant et sensible. À regarder avec un paquet de mouchoirs à proximité.

EL BAR

En Espagne, un bar reçoit la visite de toutes les classes sociales : du clochard prophète au policier à la gâchette facile, de la jeune femme prétentieuse et manucurée à la rombière accro aux jeux et hystérique. Un matin à Madrid, des clients d’un bar sont témoins d’un meurtre dans la rue et se retrouvent enfermés dans l’établissement. À défaut de savoir ce qui se passe à l’extérieur, la survie des huit personnes que tout sépare dépend de leur capacité de raisonnement et de coopération.
Deuxième projection de ce film au NIFFF dans une salle comble, et qui plus est réalisé par Álex de la Iglesia, connu pour avoir fait entre autres Balada Triste de Trompeta, ce huis-clos avait tout pour être prometteur. Verdict : Malgré le climat tendu de ce long-métrage espagnol, le spectateur est laissé sur sa faim.
Les personnages établis dès le début du film sont délibérément des stéréotypes et les codes du huis-clos sont d’autant plus accentués et ridiculisés, mais pas repensés. En clair, El Bar semble n’être qu’un pastiche des œuvres de ce genre, sans vraiment tester de nouvelles choses. Les attributs des personnages changent lorsqu’ils sont confrontés à une situation de danger, ce qui les rend certes plus humains et profonds, mais cela déstabilise également toute la narration. Œuvre incomplète.

Crédits Photo : NIFFF
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