À l’occasion de notre dossier sur le journalisme, Spectrum a souhaité esquisser le portrait de trois médias étudiants. Venez à la rencontre de Fréquence Banane, Topo et Le Regard Libre.
Le Regard Libre, une revue à la fois culturelle et politique
Créé en 2014, Le Regard Libre consiste en une revue papier mensuelle de 68 pages ainsi qu’un site web alimenté de manière quotidienne. Le magazine s’est au fil des ans affirmé comme un journal de qualité, au même titre que ses confrères et a vu son lectorat s’élargir. Née du désir et du besoin de proposer un journal de réflexion, la revue s’axe à la fois sur la culture et sur le débat d’idées.
Sa mission, telle qu’elle est définie par l’ancien étudiant de l’Université de Neuchâtel (UniNE) Jonas Follonier, président et fondateur de la revue, est de donner à réfléchir, certes, mais en se positionnant à un carrefour crucial : « Nous voulons servir de relai dans les débats, entre le milieu intellectuel, universitaire, académique et le grand public », explique-t-il. Il est nécessaire pour lui de rendre le débat d’idées accessible à tou∙te∙s. Il ajoute : « Nous voulons être un pivot, un lien ». Un autre de leur crédo est celui de l’originalité : il∙elle∙s ne souhaitent pas offrir une pensée enfermée dans un carcan et n’hésitent pas à sortir des clous. « On veut éviter le conformisme et encore plus la paresse d’esprit », affirme Jonas.
Le Regard Libre est d’ailleurs une revue particulière dans le paysage estudiantin étant donné son statut et sa structure. Si elle a été créée par des étudiant∙e∙s, elle n’est pourtant pas un média de l’UniNE à proprement parler : il s’agit en fait d’un partenariat avec cette dernière. Bon nombre des collaborateur∙rice∙s sont des (ancien∙e∙s) étudiant∙e∙s de l’UniNE, mais il est important de noter que les rédacteur∙rice∙s constituent un groupe hétéroclite aux profils variés : différences d’âge (allant de vingt à cinquante ans), de sensibilités, de parcours, d’ancrage géographique et autres.
Des nombreuses rubriques du journal, Jonas souligne surtout la rubrique Cinéma, la plus active et la plus lue de leur site web. Créée fin 2016 par Loris Musumeci, leur formule « Les Mercredis du Cinéma » proposait une rencontre hebdomadaire avec une critique de film sorti récemment. Jonas évoque également la rubrique Entretiens qui est une figure de proue des éditions mensuelles, puisque chacune d’entre elles s’ouvre sur une interview avec une personnalité, parmi lesquelles nous pouvons citer la chanteuse Pomme ou l’auteur Frédéric Beigbeder.
Si le journal vous intéresse, la plupart des articles WEB sont gratuits et l’accès complet peut être acquis pour 25 francs. L’abonnement papier annuel (douze numéros) s’élève quant à lui à 100 francs ; la revue, à la fois dans ses formats web et papier, propose un contenu de qualité. « Le débat, ça n’a jamais été autant important. On est dans une situation où certains groupes ne se parlent plus et nous, ce qu’on souhaite, c’est favoriser les échanges et le partage de points de vue », conclut Jonas.
Fréquence Banane, une radio à l’image des étudiant∙e∙s
Tout de suite, il m’a fallu poser la question : pourquoi ce nom ? À ces mots, le président Alexandre Tellier, étudiant en troisième année de bachelor à l’EPFL, hausse les épaules : « En fait on ne sait pas. On pense que c’est lié à la Banane, donc la bibliothèque de l’UNIL, mais on n’a jamais eu la certitude ». N’ayant pas de réponse à ce mystère, Alexandre me confie alors que Fréquence Banane était à l’origine une émission diffusée sur Radio Acidule en 1993. Elle devient une radio à part entière en 1997 seulement, après avoir obtenu une concession de diffusion FM. Cette dernière cesse en 2005 et l’association choisit alors de diffuser sur Internet. Elle a également diffusé en DAB à Lausanne et à Genève de 2014 à 2019 et diffuse encore aujourd’hui sur les ondes, un mois par année.
Une radio, mais pas seulement : il s’agit avant tout d’une, ou plutôt, de deux associations étudiantes. Une antenne genevoise ayant été créée en 2009, Fréquence Banane est ainsi un seul média partagé entre l’Université de Lausanne et celle de Genève qui ont chacune leur propre association. Si elles gardent leurs indépendances associatives, elles travaillent cependant de concert pour produire leur contenu et établir le planning correspondant. « Notre particularité c’est de diffuser 24h/24 ! », ajoute Alexandre.
Fréquence Banane se définit comme un média culturel au sens large. « Ce qu’on souhaite, c’est être une plateforme qui offre avant tout un espace de création », explique le président. Regroupant à la fois des élèves de l’UNIL et de l’EPFL, l’association valorise en effet la diversité et les idées nouvelles. Les émissions changent selon l’envie, les intérêts des membres et peuvent disparaître ou être reprises au départ de leur créateur∙rice. D’autres perdurent cependant, comme Café Kawa et Micropolis, qui sont prises en charge par les nouveaux∙elles dans le but de les former.
Parmi les émissions qui lui tiennent à cœur, Alexandre cite notamment la RedAction : « Il∙elle∙s reçoivent très souvent un∙e artiste, un∙e auteur∙rice ou un groupe de musique ». Il évoque également Double H, une émission d’histoire tantôt sérieuse, tantôt légère, qui s’articule surtout autour du partage d’anecdotes et de faits divers autour d’événements historiques.
Si la situation actuelle pèse sur leur média, c’est pourtant bien sur le lien social que le président insiste : « Ce qui compte pour nous, c’est l’aspect associatif, communautaire, cette idée de créer du lien et d’avoir un groupe. Car derrière les émissions, il y a les activités qui permettent de les réaliser ainsi que toutes les idées spontanées qui ont rassemblé des membres et les ont amené∙e∙s à créer quelque chose de nouveau ». Nous vous invitons, pour conclure, à parcourir les podcasts disponibles sur leur site : vous trouverez forcément de quoi piquer votre curiosité dans la diversité qui caractérise Fréquence Banane.
TOPO, un média multiformat
Réaliser le portrait d’un média si complexe est ardu : des pôles différents mais complémentaires, des plateformes diverses, un horizon thématique étendu, une équipe engagée… Noémie Pralat, co-rédactrice en chef depuis février 2019, a accepté de répondre à nos questions afin de mieux cerner leur média ainsi que la richesse amenée par cette complexité.
C’est l’association AETOPO qui porte et publie le média TOPO, créé en 2012 par Tristan Boursier. « À l’origine, il s’agissait de proposer des pistes pour décortiquer une vaste palette de sujets, de la politique universitaire à l’actualité internationale », explique Noémie. Aujourd’hui le média a évolué, les sujets aussi, et leur priorité est d’incarner une « plateforme d’expression multi-supports » pour les étudiant∙e∙s de l’Université de Genève. « Nous souhaitons garder un sens critique tout en assurant un contenu accessible et représentatif de notre environnement universitaire », ajoute-t-elle.
Leur but central ? Offrir une plateforme d’expression aux étudiant∙e∙s en mettant en lien les jeunes adultes et le monde médiatique. Leurs valeurs, « la mise en avant de la richesse et de la pluralité de la vie universitaire, l’information aux étudiant∙e∙s, la promotion d’un média multi-supports… », s’inscrivent au cœur de leur devoir journalistique et de l’information critique qu’il∙elle∙s souhaitent proposer.
TOPO s’articule en trois pôles : Journal, TV, Event. Le premier comporte huit rubriques, le deuxième quatre émissions et le troisième se charge des débats politiques et des rencontres. « Ce qu’on cherche, c’est l’originalité et la diversification des contenus. On tient à répondre aux préoccupations et aux intérêts des étudiant∙e∙s », précise Noémie. Leurs deux dernières rubriques, Genres & Identités et Technologies & Environnement, sont d’ailleurs nées des thèmes qui revenaient dans la sphère estudiantine et que le média a jugés nécessaires de traiter. L’élaboration des sujets a lieu de manière simultanée entre le comité de rédaction et les membres, libres de soumettre leurs envies et leurs projets. On observe ainsi dans les articles récents une analyse sur la situation de Joe Biden, mais aussi des articles traitant des votations populaires, de la neutralité carbone que souhaite viser Lausanne ou encore du harcèlement sexuel dans le milieu de la mode.
Excellent exemple de ce que peut incarner un média étudiant aux multiples facettes, TOPO permet ainsi une prise de parole multiformat sur un large horizon de sujets. Leur site web offre une production riche en termes d’articles et nous vous invitons à parcourir ses différentes rubriques et à vous tourner également vers leur chaîne YouTube. C’est cette pluralité qui fait le cœur du média : « Notre but central est d’ajouter notre pierre à l’édifice des médias de demain, en proposant un média pluriel et accessible », conclut Noémie.
Visuel mis en avant: Philippe Haenni.