Voyage » Les invitations du Conseil Fédéral à passer l’été en Suisse n’ont pas eu raison de ma soif d’ailleurs. Si mon âme de voyageuse est servie, cela n’a pas été sans concessions.
La Costa Brava se situe en Catalogne, au nord-est de l’Espagne. Les plus belles plages du pays arpentent cette côte méditerranéenne qui s’étend sur plus de 250 kilomètres, jusqu’à atteindre l’embouchure du fleuve Tordera en capitale espagnole. Plage de sable fin, cocktails en terrasse, villages typiques sont de la partie… à une seule condition : se masquer la frimousse (nez compris bon sang !).
Parmi ces étendues se cache la plage de la Fosca, dans la commune de Palamos. Un petit coin de paradis retiré et sauvage, à l’exception de la saison estivale où elle est envahie par les Barcelonais·es en quête de farniente. Mais cette année, les cris des goélands et les vagues frappant les rochers sont les principaux perturbateurs de la sérénité caractéristique du lieu. Un calme anormal, aussi jouissif qu’inquiétant.
Je consacre une après-midi à la crique incontournable (à ne surtout pas manquer en cas de passage dans la région). Si nous sommes au courant de l’accessoire muselière nous découvrons une nouvelle spécialité de la saga Pandémie&Vacances : la beach douane. Deux heures d’attente pour atteindre le sable brûlant, s’étaler sur son linge microfibre, griller jusqu’à la chute de tension pour finalement apprécier le choc thermique dans l’eau claire… qui l’aurait fait ? Je me le demande. Le contrôle des identités à la 14-18 et les panneaux anxiogènes qui banalisent la zone nous consolent de cet acte manqué. L’année prochaine ? Rien n’est moins sûr !
Quelques jours en apesanteur… comme une fuite de la réalité frôlant le déni de l’actualité omniprésente. La bouche cousue en permanence, j’expérimente un sentiment d’oppression, de silence imposé, de censure. Ressentir la privation de liberté d’expression lors de circonstances exceptionnelles m’interpelle : qu’en est-elle dans des circonstances normales ?
Crédit photos: Lara Diserens