Rentrée mouvementée sur le plan de la politique universitaire. Alors que les établissements se remplissent à nouveau d’étudiants, l’initiative sur les bourses d’études lancée par l’Union Nationale des Etudiants Suisses entre pleinement dans sa phase de récolte de signatures.
En Suisse, seulement trois étudiants sur vingt bénéficient d’une aide financière de leur canton d’origine pour leurs études. C’est peu. Trop peu pour l’Union Nationale des Etudiants Suisses (UNES) qui a lancé au printemps dernier une initiative sur les bourses d’études. L’UNES n’en est pas à son coup d’essai dans son combat pour réformer le système suisse d’aides financières à la formation. En 1972 et 1993 déjà, l’organe national avait lancé des initiatives populaires, sans succès.
Des échos favorables
Comme dit le proverbe, jamais deux sans trois et surtout, la troisième est toujours la bonne. C’est du moins ce que semble croire Alberto Mocchi, membre de l’équipe de campagne de l’initiative: «Nous sommes convaincus que nous allons récolter les 100’000 signatures valables nécessaires en moins de 18 mois, et au vu des échos favorables au sein de la population, de nombreux partis politiques et associations, nous sommes confiants quant à l’issue de la votation. De plus, le projet présenté aujourd’hui par l’UNES est plus consensuel et ne demande qu’une réglementation minimale au niveau constitutionnel, ce qui laisse une certaine marge de manœuvre au parlement fédéral.»
En effet, le texte de l’initiative est relativement simple et exige en particulier que la Confédération soit «compétente pour la législation en matière d’octroi et de financement des aides à la formation» et que «les aides à la formation garantissent (…) un standard de vie minimal». En chiffres, cela signifie pour l’UNES qu’un étudiant vivant hors du domicile familial, ne travaillant pas et ne recevant pas d’aide financière de ses parents devrait recevoir une bourse mensuelle de 2140 CHF.
Pour des aides plus conséquentes
Une telle somme peut sembler utopique, surtout pour les étudiants actuels qui, chaque semestre, sont forcés de choisir entre travailler plus – souvent au risque de devoir prolonger leurs études – ou s’endetter plus. Alberto Mocchi nuance: «Il faut s’imaginer que ce cas de figure représente le montant maximal qui devrait pouvoir être alloué dans des circonstances particulières. C’est un exemple qui vise avant tout à montrer les coûts réels que doivent supporter les étudiants. Personne ne demande que tous les frais de tous les étudiants soient pris en charge par l’Etat. Ce que nous voulons avant tout, c’est que les cantons et la Confédération viennent en aide de manière plus conséquente à celles et ceux qui n’ont pas les moyens de suivre une formation supérieure.»
En plus de mettre en lumière un système d’attribution des bourses insatisfaisant, l’UNES dénonce également celui des prêts d’études comme étant inapproprié. «Ce système entraîne bien souvent un endettement considérable des étudiants, qui à la fin de leur cursus se voient entrer dans la vie professionnelle avec des dettes importantes,» explique Alberto Mocchi. «Cela limite fortement l’égalité des chances, puisqu’un étudiant issu d’un milieu défavorisé entre alors dans le monde du travail, à la fin de son cursus universitaire, avec un fort endettement, ce qui le pénalise durablement. Aussi, il est faux de penser que toutes les personnes ayant suivi des études universitaires trouvent un emploi bien rémunéré, leur permettant de rembourser sans problèmes leur emprunt. Pour de nombreux étudiants, s’endetter pendant les études veut dire vivre dans la précarité pendant de longues années.»
Par Julie Rudaz
L’intégralité de cet article et plus encore sur l’initiative sur les bourses dans notre édition papier d’octobre 2010.