En attendant l’article dans le dossier du magazine de novembre, Spectrum vous offre un petit aperçu sur la recherche sur les ondes ionisantes.

Pour le moment, l’échauffement des tissus est le seul effet potentiellement dangereux confirmé des ondes non ionisantes. La recherche est, néanmoins, encore en cours. En Suisse, la Confédération a soutenu un programme national de recherche nommé «PNR 57: Rayonnement non ionisant. Environnement et santé». Sur le site internet du projet, une synthèse des reche

rches a été mise à disposition en mai 2011. Les études ont confirmé certains effets dus aux champs électromagnétiques à haute fréquence, comme par exemple une augmentation de la fragmentation de l’ADN. Toutefois la conclusion générale du travail indique que: «Alors que les effets physiologiques et cellulaires ont été démontrés dans les études correspondantes, leur signification quant à la santé n’a pas pu être établie».

Spectrum a voulu connaitre l’avis d’un expert. Le Dr. Hugo Lehmann, du département des Science de l’environnement à l’Université de Fribourg, travaille chez Swisscom SA comme responsable environnement en Stratégie et Innovation.

Ondes LD


Deux ans après le rapport de synthèse du PNR 57, est-ce que l’on peut affirmer que les appareils émettant des ondes non ionisantes, tant utilisés, ont des effets sur la santé?

HL : Les résultats du PNR57 ont confirmé l’évidence scientifique existante avec des études de haute qualité scientifique. D’une part, une étude du Prof. Röösli de l’Université de Bâle a démontré qu’une exposition aux champs électromagnétiques dans l’environnement n’a pas d’impact sur le bien-être des gens. D’autre part, le programme a aussi confirmé qu’il y existe des effets du rayonnement non ionisant en-dessous du seuil thermique. Mais effet n’égale pas nécessairement nuisibilité. Un exemple: le Prof. Peter Achermann a observé des changements d‘intensité spectrale de l‘électroencéphalogramme sous une exposition aux champs électromagnétique pulsés. Mais ces changements sont mineurs et leurs conséquences sur la santé restent à approfondir. Une étude récemment publiée par Juutilainen & co. en 2011* le confirme: ces résultats ne permettent aucune conclusion sur une nuisibilité de ces ondes électromagnétique. En résumé, on peut citer la position de l’Office fédéral de l’environnement et dire que le PNR57 a élargi la connaissance mais n’a donné aucune indication pour adapter les limites d’exposition. C’est-à-dire que les limites actuelles nous protègent toujours des effets nocifs des ondes électromagnétiques.

Il y a des études plutôt controversés sur la question du danger des ondes non ionisantes pour le corps humain. Pourquoi?

Les preuves scientifiques sont plutôt claires. A ce jour, le seul effet qui peut devenir dangereux pour le corps humain est l’échauffement du tissu. C’est-à-dire lorsque l’énergie des ondes électromagnétique est absorbée par les tissus du corps et la température des organes internes augmente. Cet effet thermique est bien compris et repose sur une solide argumentation scientifique (plus de 16’000 études publié à ce jour: www.emf-portal.org). Les limites d’exposition nous protègent d’un échauffement excessif, qui peut provoquer d’abord des symptômes non spécifiques (maux de tête, nausées), puis une coagulation sanguine. Toutefois, la recherche actuelle explore d’autres effets potentiels des ondes électromagnétiques sur des organismes biologiques. C’est dans ce domaine que réside la controverse. Il y a plusieurs raisons à cette observation: tout d’abord, la reproduction des expériences est difficile, car ce sont des systèmes biologiques de grande variabilité dans le temps. Un paramètre observé dans une expérience peut varier considérablement dans une étude subséquente. De plus, les organismes complexes tels que l’homme réagissent à de multiples paramètres intérieurs et extérieurs. L’isolation d’une cause unique s’avère donc difficile.

Il faut aussi mentionner que toutes les études publiées ne sont pas forcément de bonne qualité scientifique et que leurs résultats publiés sont donc à regarder sous un œil critique.

Laura Dick