Samedi 10 août avait lieu une première organisée spécialement pour la presse au Festival de Locarno. Le film présenté était Short Term 12 de Destin Cretton. La pellicule s’est révélée une surprise. Mais les coups de théâtre ont été d’une autre nature.
Il y a plusieurs lieux pour voir un film au Festival de Locarno. Le plus fascinant est la Piazza Grande: sous un ciel d’étoiles, dans l’air frais de l’été, un écran gigantesque et 5’000 spectateurs. Ensuite, pour avoir la meilleure vue de l’écran, il faut aller à l’Auditorium Fevi. Et si l’on veut des chaises inclinables, on va à L’altra Sala. Mais l’endroit le plus confortable c’est la Kursaal: une vrai salle de cinéma avec des fauteuils rouges.
Samedi 10 août pour la séance de presse au cinéma Kursaal, on projetait Short Term 12 du réalisateur hawaïen Destin Cretton. Le film est l’adaptation du court-métrage homonyme sorti en 2009. Cretton a décidé de le transformer en long-métrage après avoir reçu le Prix du Jury au Sundance Film Festival. Et voilà que Short Term 12 se lance à la recherche d’un autre prix: le Pardo d’Oro. Le film est en effet sélectionné pour le Concours International à Locarno.
En entrant dans la salle 15 minutes avant le film, on ne voit presque personne. Les journalistes arrivent toujours à la dernière minute. À côté de moi, s’assoient bientôt des journalistes du Centre médiatique anglais. Je commence à échanger des opinions avec eux. “Je ne retournerai jamais ici à Locarno!”, me dit l’un des deux “Il y a que des films tristes, ennuyants, dramatiques!”. Il semble vraiment révolté. Bizarre: moi, j’ai vu soit des films excellents, soit bons, soit moyens. Nous échangeons alors quelques conseils. Ils paraissent retrouver de l’enthousiasme pour le Festival.
Short Term 12 commence. C’est l’histoire d’une jeune fille, Grace (Brie Larson), qui travaille dans un centre d’accueil pour des adolescents à risques: le Short Term 12. Elle excelle dans son travail, mais les problèmes de son passé continuent à la tourmenter. Un jour arrive Jayden (Kaitlyn Dever), une fille dont l’histoire ressemble beaucoup à celle de Grace. C’est alors que Grace doit faire face une fois pour toute aux ombres de son passé.
Short Term 12 a beau traiter d’une histoire dramatique, il réussi le tour de force de faire plus rire que pleurer. Le réalisateur choisit un regard positif, mais aussi de réflexion, sur les problèmes qui touchent les adolescents du centre. On entre tout de suite dans l’histoire. Pas de plan panoramique ou générique du débout. Pas de musique traînante. Que ces trois assistants sociaux en train de se raconter une histoire drôle. Puis, tout d’un coup, un garçon sort du centre en criant: c’est le moment de travailler. Ils arrêtent le garçon en crise, le calment et voilà. Le film commence.
Le film, dramatique mais à l’écoute de la beauté des situation désespérée, est une des deux surprises de cette “première-presse”. L’autre étant apparue peu après le début du film. Concentrée sur les images qui passaient sur l’écran, j’entends tout d’un coup un “flap flap flap flap” bizarre. Puis, une ombre bouge dans l’obscurité du plafond. L’objet mystérieux fait des aller retour et d’un coup il passe devant la lumière du projecteur. Son identité est relevée: un pigeon! La salle éclate de rire. C’est la chose la plus bizarre que j’ai jamais vécu au cinéma. Locarno est vraiment magique.
Le film arrive à la fin. Personne n’applaudit. Rien d’anormal: en journalisme le mot d’ordre c’est l’objectivité.
Laura Dick