La Suède. Un château assiégé par les neiges. Un frère et une soeur qui s’aiment. Une tante obsédée par la tradition aristocratique. Un mari rude et préoccupé par son tracteur. Un fidèle majordome. Et cerise sur le gâteau, une femme que l’on cache après l’avoir fait passer pour morte…
Au milieu de ce singulier petit monde débarque soudain un cousin éloigné. Il est jeune, beau, facilement manipulable. Et va se retrouver bloqué dans le château durant quatre mois, pour cause de chute de neige ininterrompue. Mieux lui aurait valu de ne jamais venir au manoir, comme il le découvre peu à peu.
Pièce écrite par Françoise Sagan, « Château en Suède », semble s’inscrire en droite ligne des Liaisons Dangereuses. Autre référence, autre époque, le monde trouble des polars suédois, dans lequel la pièce s’insérerait sans aucun problème. L’humour y est tout aussi grinçant, un verni de folie fait vibrer les scènes et des idées audacieuses jaillissent de partout: mentionnons par exemple les danses tribales qui prennent le spectateur par surprise, offrant un rythme original aux différentes scènes. Ou les trous percés dans les murs du décor, en forme de cadre, derrière lesquels les personnages peuvent prendre place. Ou des performances parfois acrobatiques, moyen d’exprimer des passions torrides.
Et les acteurs parlons-en. Ils sont criants de vérité et de fraîcheur. Ils ont littéralement crevé les planches du Nouveau Monde, chacun s’exprimant dans un rôle semblant taillé sur mesure. Soyons clairs, incarner des caractères aussi extrêmes, ce n’est pas se reposer sur la personnalité confortable du mari jaloux ou de la femme trompée. Cela demande de l’aplomb, de la subtilité et un zeste d’humour, des qualités dont la Troupe en Bois, de Paris, n’est pas dépourvue. On ne peut que saluer la performance de cette jeune troupe, qui avec peu de moyens et de soutien, prouve qu’elle est capable d’animer de beaux textes engagés et subversifs. Chapeau bas!
Lise-Marie Piller
La pièce Chateau en Suède a remporté le prix de la meilleure mise en scène.