Après AKUA, TRAFFIC et SILO8, la bande de la Karl’s Kühne Gassenschau revient pour un spectacle rempli de poésie, de machines extravagantes et de satire sociale grinçante.
Dans les carrières de St-Tryphon, une usine de chocolat, portant bien haut l’edelweiss gonflable. Le patron, plus intéressé par le profit que par les fameuses pralines qu’il produit, cherche à intéresser un investisseur chinois richissime et sa myriade de séides.
Voilà pour le synopsis de FABRIKK, qui porte bien haut l’étendard de l’humour grinçant et ravageur. Outre le patron cupide, on y trouve encore des employés de tous horizons -sauf suisse- qui caricaturent tous les traits les plus comiques de leurs pays. La Française est une nymphomane obsédée par ses droits, l’Italienne chante en faisant le café tandis qu’un stagiaire germanique passe son temps à mettre ses birkenstocks dans le plat (chocolaté). On saluera le travail d’équilibriste des metteurs en scène pour réussir à faire communiquer tout ce beau monde, chacun dans sa langue, sans nuire pour autant à la compréhension globale de la pièce. Certains enchaînements sont de véritables morceaux de bravoure. Les passages chantés sont souvent bienvenus et permettent de développer l’histoire de manière tout à fait comique.
En revanche, on ne peut que regretter que FABRIKK pèche justement par sa volonté de tout caricaturer à l’extrême. L’univers qui nous est présenté est manichéen, les Chinois sont des caricatures grotesques, se baladant avec des bambous et parlant un espèce de sabir, ce qui rappelle vraiment les dessins de presse caricaturant le « péril jaune » du début du XXème siècle. On aurait apprécié une histoire plus nuancée, laissant plus de part à la poésie, comme c’était le cas pour SILO8.
Malgré tout, FABRIKK reste un spectacle grand public et la Kark’s Kühne Gassenschau fait honneur à sa réputation en réservant au spectateur un lot honorable d’envolées plus fantaisistes et de machineries extravagantes. Le travail sur la scène lors du final laissera le spectateur pantois et rêveur.
On aurait juste aimé repartir, en plus, avec quelques interrogations sur ce monde impitoyable de l’entreprise, que la pièce n’aborde que grossièrement.
FLORIAN MOTTIER
FABRIKK: Du 19 mai au 5 septembre 2015 Carrières de St-Tryphon Billets et plan d'accès sur:Plus d’infos sur le site www.fabrikk.ch