« Parfois les images en noir et blanc offrent plus de contrastes que celles en couleur »
Joseph Deiss a parcouru un long chemin. Le natif de Fribourg a enseigné comme professeur d’université l’économie politique, a gouverné la Suisse en tant que conseiller fédéral et s’est établi sur la scène internationale en tant que président de l’assemblée générale de l’ONU.
Spectrum a discuté avec lui sur ce qui le stimule et comment l’université de Fribourg l’a forgé.
Spectrum : Monsieur Deiss, il y a quelque temps votre nom a été donné à une salle de l’Uni Pérolles. Ne se sent-on là pas un peu flatté ?
J. Deiss : Je me suis senti très honoré et me suis réjouis que justement mon Université reconnaisse mon travail de cette manière. Parfois je me pince pour être sûr que je suis encore en vie.
Maintenez vous encore des contacts avec l’Université de Fribourg ?
En tant que président du conseil de l’institut Adolphe Merkle, j’ai régulièrement des contacts avec l’administration et des professeurs de notre université. Je suis fier qu’avec l’Institut Adolphe Merkle et l’Institut pour le plurilinguisme nous avons réussi à apporter une contribution visible pour permettre le développement de notre Alma Mater.
Naturellement, j’ai aussi encore des contacts réguliers avec ma faculté et suis avec intérêt ce qu’il s’y passe.
Vous avez étudié à l’Université de Fribourg, et vous y avez enseigné pendant plusieurs années. Dans quelle mesure l’Université vous a-t-elle marqué ?
Où en serait le canton de Fribourg aujourd’hui sans son Uni ? Et pour moi d’ailleurs de même. L’importance du Collège St. Michel et de l’Université vont pour moi bien plus loin que l’enseignement et la science. Ces lieux étaient ceux de l’ouverture, de la tolérance et du bilinguisme, et j’y ai gagné là-bas en confiance en moi-même. Cela m’a imprégné pour la vie.
D’abord vous avez suivi une carrière universitaire, étiez Professeur d’économie à l’Université de Fribourg. Quand avez vous pris la décision d’entrer en politique ?
Grâce au système de milice, ce passage a pu s’effectuer en douceur. Il était important que mes tâches en tant qu’enseignant ou chercheur ne se mélangent pas avec la politique. D’un autre côté, par mes connaissances en économie, j’avais le besoin de pouvoir avoir voix au chapitre sur des questions importantes concernant le canton ou le pays.
Vous étiez professeur universitaire, conseiller fédéral et président de l’assemblée générale de l’ONU. Quel était le plus important de ces défis ?
Il a toujours été important pour moi, malgré les innombrables courants, opinions et puissances qui agissaient, de rester fidèle à moi même et d’être un modèle pour mes étudiants, collaborateurs ou concitoyens.
La « Weltwoche » vous a qualifié jadis de « Professor Farblos » [pâle et sans profil, ndt]. Comment réagissez-vous à une telle hostilité des médias ?
Mon premier job en tant que frais diplômé universitaire était chez Ilford, le principal fournisseur de film noir et blanc. Depuis ce temps là je sais que de bonnes images en noir et blanc offrent plus de contrastes que celles en couleur.
Vous êtes le premier suisse à faire son entrée dans la série américaine « South Park ». Qu’en avez-vous pensé ?
Tout d’abord j’ai dû appeler mon fils -il a passé une année en Amérique- juste pour savoir ce qu’était « South Park ». Naturellement cela m’a fait plaisir, que cette apparition surprenne particulièrement le monde des médias suisse, car ils auraient attendu cela plutôt de Ursula Andress ou de Roger Federer.
Quelles sont les vertus les plus importantes d’un politicien ?
« Be a leader, not a follower. » On doit précéder le peuple et non courir derrière, et ce même quand la juste voie pour notre pays n’est pas toujours populaire.
Que fait un ancien conseiller fédéral à la retraite ?
Il est important pour moi de continuer à apprendre et expérimenter de nouvelles choses, et de ne pas me complaire dans mes souvenirs. Comme consultant, j’ai maintenant l’occasion d’être engagé dans l’économie.
Quand est la plus grande probabilité de croiser le chemin de Joseph Deiss ?
Le matin entre 5 et 7 heures, quand je traverse à pied le pont de la Poya ou le Guintzet.
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Joseph Deiss hat es weit gebracht. Der gebürtige Freiburger lehrte als Universitätsprofessor Volkswirtschaft, lenkte als Bundesrat die Schweiz und hat sich als Präsident der UN-Vollversammlung auf dem internationalen Parkett etabliert. Spectrum hat mit ihm darüber gesprochen, was ihn antreibt und wie ihn die Universität Freiburg geprägt hat.
Spectrum : Herr Deiss, nach Ihnen wurde vor geraumer Zeit ein Saal an der Uni Pérolles benannt. Fühlt man sich da ein wenig gebauchpinselt?
J. Deiss : Ich fühle mich sehr geehrt und freue mich darüber, dass gerade meine Universität mein Wirken derart würdigt. Hie und da kneife ich mich auch, um zu wissen, ob ich noch am Leben bin.
Pflegen Sie noch Kontakt zur Universität Freiburg?
Als Präsident der Adolphe Merkle-Stiftung habe ich regelmässig mit der Verwaltung und Professoren unserer Universität Kontakt. Ich bin stolz, dass es uns mit dem Adolphe Merkle-Institut und dem Institut für Mehrsprachigkeit gelungen ist, einen sichtbaren Beitrag zur Entwicklung unserer Alma Mater zu leisten. Natürlich habe ich auch mit meiner Fakultät noch regelmässig Kontakt und verfolge mit Interesse das Geschehen.
Sie haben an der Universität Freiburg studiert, haben hier während mehrerer Jahre gelehrt. Inwiefern hat Sie die Universität Freiburg geprägt?
Wo wäre der Kanton Freiburg heute ohne seine Uni? Und mir persönlich geht es ebenso. Die Bedeutung des Kollegiums St. Michael und der Universität gingen für mich weit über Lehre und Wissenschaft hinaus. Es waren Orte der Öffnung, Toleranz und Zweisprachigkeit, und dort habe ich Selbstvertrauen gewonnen. Das hat mich für mein ganzes Leben geprägt.
Zuerst schlugen Sie eine akademische Karriere ein, waren Professor für Volkswirtschaft an der Universität Freiburg. Wann ist der Entschluss gereift, in die Politik einzusteigen?
Dank dem Milizsystem konnte dieser Übergang fliessend erfolgen. Wichtig war, meine Aufgabe als Lehrer und Forscher nicht mit der Politik zu vermischen. Andererseits hatte ich gerade aufgrund meiner wirtschaftswissenschaftlichen Kenntnisse das Bedürfnis, bei wichtigen Fragen unseres Kantons oder Landes mitreden zu können.
Sie waren Universitätsprofessor, Bundesrat und Präsident der UNO-Vollversammlung. Was war dabei die grösste Herausforderung?
Es war mir immer wichtig, trotz der unzähligen Strömungen, Meinungen und Kräfte, die auf einen einwirken, mir selber treu zu bleiben und für meine Schüler, Mitarbeiter oder Mitbürger ein Vorbild zu sein.
Die Weltwoche betitelte Sie einst als „Professor Farblos”. Wie geht man mit solchen medialen Anfeindungen um?
Mein erster Job als junger Universitätsabsolvent war bei der Ilford, dem führenden Anbieter von Schwarz-Weiss-Filmen. Aus dieser Zeit weiss ich, dass gute Schwarz-Weiss-Bilder mehr Kontrast bieten als farbige Bilder.
Sie sind der erste Schweizer, welcher es in die US-Serie „Southpark” geschafft hat. Wie denken Sie darüber?
Zuerst musste ich meinen Sohn – er hat ein Jahr in Amerika verbracht – anrufen, um überhaupt zu wissen, was „Southpark“ ist. Natürlich hat es mich gefreut, dass dieser Auftritt besonders die Schweizer Medienwelt erstaunte, denn die hätte so etwas eher von Ursula Andress oder Roger Federer erwartet.
Welches sind die wichtigsten Tugenden eines Politikers?
„Be a leader, not a flower.“ Man muss dem Volk vorangehen und nicht hinterherrennen, auch wenn der für unser Land richtige Weg nicht immer populär ist.
Was macht ein ehemaliger Bundesrat eigentlich im Ruhestand?
Es ist mir wichtig, weiterhin Neues zu lernen und zu erfahren und nicht in meinen Erinnerungen zu verkommen. Als Berater habe ich nun die Gelegenheit, in der Wirtschaft praktisch tätig zu sein.
Wann ist die Wahrscheinlichkeit am grössten, Joseph Deiss in Freiburg über den Weg zu laufen?
Zwischen fünf und sieben Uhr am Morgen, wenn ich zu Fuss über die Poyabrücke oder das Guintzet gehe.
[/col]Propos recueillis par Elia Kaufman
Traduction : Spectrum Team
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