Quick Change, le deuxième long-métrage du réalisateur Eduardo Roy Jr. suit le parcours de Dorina, transsexuelle à la tête d’un commerce illégal de chirurgie plastique. Epouse dévouée, tante attentionnée, la jeune femme mène ses affaires de bon train dans ce monde où la beauté constitue un business très lucratif.

Les premières scènes du film, portées par des personnages hauts en couleur, abordent la thématique de la transsexualité d’un ton très léger. Coiffure, robes extravagantes et chirurgie: ces travestis à la féminité décomplexée n’hésitent pas à mettre tout en œuvre pour ressembler à leurs stars favorites. Si cette obsession excessive de la beauté prête tout d’abord à sourire, elle ne tarde  pas à mettre le spectateur mal à l’aise. Celui-ci ne tarde en effet pas à être confronté avec les conséquences dramatiques de la chirurgie illégale, pratiquée à l’aide de produits d’origine souvent douteuse.

La force du film réside dans son réalisme. Sexe, maladie, morts brutales: Eduardo Roy Jr. ne cherche rien à  dissimuler et représente certaines scènes de manière assez crue. Grâce à un choix de mise en scène très sobre, le réalisateur parvient cependant à ne pas tomber dans le piège de la vulgarité. Le film ne choque pas pour choquer, ce réalisme brutal étant justifié par les revendications d’Eduardo Roy Jr. qui affirme vouloir encourager une réflexion par rapport au thème encore très tabou de la transsexualité. Point de doute que l’objectif est atteint, puisque les quatre projections du film ont fait salle comble.

Marie Torello