Comment te sens-tu quand la vie te sort de l’université? Quand tu ne regardes pas les minutes s’écouler pendant un cours, mais dans la section fermée d’un hôpital psychiatrique ?

Ce texte a été rédigé par une étudiante qui s‘est sentie au bord d’un précipice durant ses études.

[col size= »6″]Wie ist es, wenn dich das Leben aus der Universität reisst? Wenn du nicht mehr in der Vorlesung, sondern in der geschlossenen Abteilung der Psychiatrie auf das Vergehen von Minuten wartest? Dieser Text ist von einer Studentin geschrieben, die während des Studiums an den Rand des Lebens geführt wurde.

Es gibt viele schöne Orte auf dieser Welt. Einer davon liegt auf einer kleinen Anhöhe mit wunderbarer Sicht auf den Zugersee. Und doch ist dieser Ort speziell. Er ist gedacht für Menschen mit psychischen Beschwerden. Er ist eine Irrenanstalt. Wer den Ort besucht, ist froh, nicht hier bleiben zu müssen. Patienten dagegen sind froh, müssen sie ihn nicht verlassen. Er bietet Sicherheit und Schutz. Hätten nicht alle, die hier sind, ein psychisches Leiden, man könnte den Ort mit einem Hotel verwechseln.

Sehr viel meiner Zeit verbringe ich schlafend, manchmal sitzen wir zusammen, trinken Kaffee und sprechen über Probleme. Zwischendurch dreht jemand durch. Stösst das Mobiliar um, schreit und klopft an alles, an das man klopfen kann. Danach wartet jedoch nur selten die Isolationszelle. Zum Schutz vor sich selbst und zum Schutz der anderen. Und manchmal höre ich von Verschwörungstheorien. Auch wird mir gerne mal das Essen geklaut, grundsätzliche HygieneRegeln werden missachtet und wir gehen uns auf die Nerven. Eigentlich gar nicht so anders als ein normales WG-Leben.

Ein Mix aus allen Schichten der Gesellschaft

Ohne je etwas mit einer psychiatrischen Klinik zu tun gehabt zu haben, kann man sich kaum vorstellen, was für Personen hier sind. Hier ist eine ehemals Drogensüchtige, die jetzt ein Baby erwartet und hofft, ihr Leben wieder in den Griff zu kriegen. Ein anderer ist komplett vom Leben abgedriftet, hat nie etwas Schlimmes gemacht, aber in unserer Gesellschaft auch nichts auf die Reihe gekriegt. Dann ist hier die junge Mutter, die nach der Geburt ihres Kindes nicht mit ihrem neuen Alltag zurecht kam. Ihrem Kind zuliebe kämpft sie für das Leben. Ein junges Mädchen hört Stimmen, die ihr sagen, ihr Essen sei vergiftet, und verweigert dieses deshalb. Und dann gibt es mich, die jeglichen Sinn im Leben verloren und schwere Depressionen hat.

Es mag durchaus eine Irrenanstalt sein, und doch gibt es hier nicht mehr Irre als irgendwo sonst. In der Klinik erweitere ich meinen persönlichen Horizont extrem. Denn sind wir ehrlich, an der Uni treffen wir uns fast ausschliesslich mit anderen Studierenden auf ein Bier und bleiben gerne unter uns. Apropos Bier. Alkohol ist natürlich nicht erlaubt. Nur, wer braucht schon Alkohol, wenn man Drogen auf Rezept bekommt? Und die nehme ich dann doch lieber mit Sicht auf den Zugersee.

Die Zeit, Zeit zu haben

Es gibt etwas in der Klinik, das man sonst nirgends in unserer Gesellschaft findet, und das ist Zeit. Zeit für sich selber. Diese Zeit anzunehmen, ist erst einmal schwierig. Vor allem, weil mein Kalender von Terminüberschneidungen strotzt. Als ich mich dazu entschieden habe, meinem Leben ein Ende zu setzen, dies jedoch missglückte und ich stattdessen mit der Diagnose schwer depressiv zur Sicht auf den Zugersee gezwungen wurde, da wollte ich keine Zeit, sondern sehnte mich nach nichts mehr als dem Tod. Mittlerweile stört mich die viele Zeit gar nicht mehr. Ich habe sie zu schätzten gelernt. Trotzdem möchte ich noch immer nicht leben. Aber wenn man so viel Zeit hat, kann man auch nicht ständig an Negatives denken. Ich lenke mich ab mit Lesen, Puzzle machen, Gestalten, Fernsehen (etwas, das ich seit Netflix nicht mehr gemacht habe) und ich schreibe. Viel Zeit zur Verfügung zu haben, ist ein Luxus. Ein Luxus, der psychisch kranken Menschen gewährt wird. Schade, nimmt man sich im Alltag nicht diese Zeit, sondern muss erst in eine Klinik, um davon Gebrauch zu machen.

Von aussen mag es schrecklich klingen, den ganzen Tag eingeschlossen zu sein. Nicht im Zimmer, aber auf der Station. Manchmal darf ich auf einen begleiteten Spaziergang. Speziell schön ist es abends, wenn die Sonne untergeht. Dann keimt in mir auch wieder die Hoffnung auf ein Leben nach der Klink auf. Aus jedem Fenster habe ich den Blick auf die Wellen des Zugersees. Ich kann träumen. Vom Leben, das draussen auf mich wartet, mich momentan aber einfach in Ruhe lässt. Und ich sehe die Berge, die ich erklimmen muss, aber auch das kann ich langsam angehen.

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« Il y a beaucoup d’endroits merveilleux dans ce monde. L’un d’entre eux se situe un peu en hauteur avec une magnifique vue sur le lac de Zoug. Et pourtant cet endroit est particulier. Il est prévu pour des individus souffrant de troubles psychiques. C’est un asile psychiatrique.

Ceux qui visitent ce lieu sont heureux de ne pas y rester, ses patients par contre sont heureux de ne pas le quitter. Il procure un sentiment de sûreté et de sécurité. Si tous ses résidents ne souffraient pas de troubles psychiques, on pourrait le confondre avec un hôtel.

Je passe une grande partie de mon temps à dormir. Parfois nous nous asseyons ensemble, buvons un café et parlons de nos problèmes. Quelqu’un pète les plombs entre-deux, renverse les meubles, cogne tout ce qu’il peut cogner. Cependant il est rare qu’on lui impose la cellule d‘isolement, pour protéger les autres et lui-même. Parfois j’entends parler de théories complotistes.

On me vole régulièrement à manger aussi, des règles d’hygiène de base ne sont pas toujours respectées et on se tape mutuellement sur les nerfs. Pas si différent d’une colocation ordinaire, en fait.

Un mélange de toutes les classes sociales

Quand on ne connait pas les cliniques psychiatriques, on ne peut pratiquement pas s’imaginer quel genre de personnes vit ici. On y trouve une ancienne toxicomane qui attend un bébé et espère pouvoir reprendre sa vie en main. Un autre n’a jamais rien commis de grave, mais s’est complètement déphasé avec notre société. Et puis il y a aussi ici cette jeune mère qui ne s’en est plus sortie après la naissance de son enfant. Par amour de ce dernier, elle se bat pour la vie. Une petite fille entend des voix lui disant que sa nourriture est empoisonnée et refuse d’en manger. Et il y a aussi moi, qui a perdu tout sens de la vie et qui souffre de sévères dépressions.

Ça a beau être un asile psychiatrique, il n’y a pas plus de fous qu’ailleurs. J’ai énormément élargi mon horizon personnel dans la clinique. Parce que soyons honnêtes, à l’uni on se rencontre presque exclusivement avec d’autres étudiants pour boire une bière et on aime rester entre nous.

À propos de bière ; l’alcool n’est naturellement pas autorisé. Qui a besoin d’alcool quand on nous prescrit de la drogue ? Et je préfère en prendre avec la vue sur le lac de Zoug.

Le temps d’avoir du temps

Il y a quelque chose dans cette clinique qu’on ne trouve nulle part ailleurs dans la société ; c’est le temps. Du temps pour soi-même. Accepter ce temps est tout d’abord difficile. Surtout parce que mon agenda débordait de rendez-vous.

Mais lorsque j’ai échoué à mettre un terme à ma vie, j’ai été diagnostiqué sévèrement dépressive. Suite à quoi j’ai été mise en observation forcée au bord du lac de Zoug. Là je n’en voulais pas du temps. Je ne voulais même pas la vie.

A présent le temps ne me dérange plus, j’ai appris à l’apprécier. Par contre, je n’ai toujours pas envie de vivre. Mais avec tant de temps disponible, je ne peux pas que broyer du noir. Je m’occupe avec de la lecture, des puzzles, du bricolage, la télévision (que je n’avais plus regardée depuis Netflix) et j’écris.

Avoir beaucoup de temps à disposition est un luxe. Un luxe accordé aux malades mentaux. Dommage qu’on ne se prenne pas le temps au quotidien, mais qu’on doive d’abord atterrir dans une clinique pour le faire.

Vu de l’extérieur, cela peut avoir l’air horrible de rester enfermé toute la journée. Pas dans une chambre mais dans la clinique. Parfois on m’autorise une promenade accompagnée. Le plus beau c’est le soir, quand le soleil se couche. Alors l’espoir d’une vie après la clinique germe à nouveau en moi. J’ai une vue sur les vagues du lac de Zoug depuis chaque fenêtre. Je peux rêver de la vie qui m’attend dehors, mais qui me laisse tranquille pour l’instant. Et je vois les montagnes que je dois gravir, en sachant que je peux prendre mon temps. »

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