L’octroi d’un poste de professeur au sein de la faculté de Droit engendre des tensions entre la rectrice de l’Université et ladite faculté.

ELIA KAUFMANN

Après vingt-cinq ans passés au sein de l’Université de Fribourg, un ancien professeur de Droit administratif et de Droit public a pris son congé à un âge avancé. Son départ a laissé un grand vide que la Faculté s’est vu l’obligation de combler. C’est dans ce contexte que le procédé d’engagement d’un successeur a débuté. La Faculté de Droit a formé une commission qui s’est accordée sur trois candidats potentiels pour le poste. Tous trois professeurs, ils enseignent actuellement dans des Universités en Suisse. Après un premier entretien, la commission n’a cependant pas su se mettre d’accord sur un candidat, hésitant surtout entre deux des postulants.

Hésitation

La commission n’arrivant pas à s’accorder, le Conseil de Faculté avait l’embarras du choix, tout en restant conscient qu’un seul candidat pouvait obtenir le poste. Ainsi, après de longues discussions, un des postulants s’est vu obtenir la double majorité et a donc été élu comme successeur. Cette décision a été communiquée par le Conseil de Faculté au rectorat, qui en règle générale se contente de valider leur choix. Mais contre toute attente, la rectrice s’y est opposée et a demandé à la Faculté d’argumenter davantage son choix. Depuis lors, règne un froid glacial sur le site de Miséricorde entre la rectrice et la Faculté de Droit.

Une pétition contre la décision

Cette procédure qui aurait dû être perçue comme une chance au sein de la chaire, a cependant généré des tensions. En effet, la Fachschaft de Droit est montée au front après le non-respect de leur choix par la rectrice. Pour la Fachschaft, cette affaire dépasse le cadre de la simple décision personnelle et touche plus fondamentalement aux relations entre les différentes institutions de l’Université. Ils ont alors lancé une pétition en ligne, dans laquelle ils demandent notamment que leur indépendance soit respectée.

Raisons peu claires

Mais enfin pour quelles raisons le rectorat a-t-il ignoré la proposition de la Fachschaft ? « Il s’agit de personnes, et je ne peux pas entrer maintenant dans les détails de l’argumentation de la faculté et des réflexions du rectorat », explique Astrid Epiney à la RTS le 15 février dernier.

Une des raisons qui a tout de même été invoquée par le rectorat est le manque d’objectivité dans la prise de décision. Mais cet argument est réfuté en bloc par la Fachschaft de Droit. Selon eux, le rectorat a dépassé la limite de ses compétences. Il aurait dû accepter la proposition du Conseil de Faculté notamment car celui-ci est « plus proche de la réalité ». Dans le sujet de la RTS, la rectrice assure au contraire que le rectorat est tout à fait compétent pour prendre ce genre de décision.

Fin de l’histoire ?

De vives réactions se sont fait entendre, autant du côté des élèves que du côté des professeurs de la chaire selon un membre du Conseil de Faculté. La Faculté a quant à elle rédigé un rapport de quatorze pages pour demander la mise en examen de la décision du rectorat. Ce dernier reste cependant campé sur ses positions.

Il est vrai que la situation est ambiguë. Les deux candidats autour desquels se joue ce drame ont eux-mêmes leurs porte-paroles au sein de la Faculté, tous deux étant proches de l’Université. En effet, l’un enseigne aujourd’hui à Fribourg et y a étudié. L’autre y a été assistant durant cinq année.

Crédits Photos: W.C. Colares