Maya Bodenmann
Un site de construction. Un jour férié. Un gardien de nuit. Salvador, est un homme appliqué, honnête et fidèle. Toi, spectateur, tu t’attaches à ses principes et à ses valeurs. Sa bonté te rassure au sein de cette solitude nocturne.
Soudain, une succession d’évènements isolés se déclenche : un infanticide, un vol, une femme inattendue, un enfant perdu. Quel est le lien entre les faits ? Ils sont tous constitutifs d’infractions. C’est bien cette union qui va te bouleverser dans ta tranquillité. D’une part, les principes qui t’unissaient à Chava s’écroulent petit à petit, et de l’autre, les malheurs se suivent. Tu te retrouves seul, désorienté dans un site de construction qui évoque l’inattendu, la peur et le mal.
Tu ressens certainement un besoin instinctif de quitter le lieu. Pas le cinéma, le site de construction, bien-sûr. Tu veux qu’il allume une lumière, qu’il rentre retrouver sa femme, qu’il ouvre ce portail, et qu’il parte. Et pourtant, tu restes, au côté de Salvador.
Diego Ros, réalisateur, démontre toute sa maîtrise et sa puissance narrative. Il te tient. La musique et le son ne font qu’empirer la situation : tu es devenu esclave d’une situation qui te consomme.
Et pourtant, c’est le pouvoir de ton imagination qui va finir par te surprendre plus qu’autre chose. Ton délire et ton expectative te jouent des tours, ce sont eux qui vont faire du film un drame.
Mona Heiniger
Salvador dit Chava est gardien de nuit dans un chantier dans les hauteurs de Mexico City. Alors qu’il se rend à son travail, la police est présente dans les environs, un corps ayant été découvert dans un van. Chava informe alors la police qu’il était présent lorsque le van est arrivé sur le lieu et fait une déposition. Hugo, son collègue, fait une déposition contredisant celle de Chava. Débute alors une nuit de tension qui retient inlassablement le gardien de nuit à son lieu de travail.
Quel décor ! Un chantier loin d’être terminé, la nuit… tous les bruits, toutes les ombres, tous les sentiments sont interprétés et décuplés. La tension et le stress y rampent le long des façades et nous donnent envie de fuir ce lieu sombre. Chava semble insensible à ceux-là. Il continue d’arpenter sans cesse les différents étages du futur immeuble armé de sa lampe de poche et d’un talkie walkie. On ne veut pas le suivre, on veut qu’il s’arrête, on veut qu’il rejoigne cette personne qui l’appelle régulièrement sur son téléphone.
Premier film de Diego Ros, The Night Guard a remporté les prix du meilleur film mexicain et du meilleur acteur au Festival Internacional de Morelia 2016. La performance de Leonardo Alonso incarnant Chava le mérite ; il nous fait ressentir un stress latent qui n’attend que le moindre événement pour surgir. Et la bande sonore ! Accompagnant à merveille les allées et venues du gardien, elle est le véritable maestro des émotions transmises par les images.
En compétition et en première mondiale, The Night Guard n’est plus projeté dans le cadre du FIFF. Je lui souhaite d’être présent sur nos écrans rapidement et de rentrer au Mexique avec l’un des prix mis en jeu et ditribué ce soir.