SECONDE CHRONIQUE SPÉCIALE TAKASHI MIIKE ! ON SE FOCALISE CETTE FOIS-CI SUR L’ENTRETIEN PUBLIC AVEC L’INVITÉ D’HONNEUR DU NIFFF 2017.
La masterclass du NIFFF consiste traditionnellement en un entretien avec l’invité d’honneur et un journaliste, suivi par des questions du public à l’invité. L’interlocuteur de l’éminent cinéaste Takashi Miike était Tom Mes, écrivain spécialisé dans le cinéma asiatique. Traduit en simultané avec brio, cet échange nous a fait apprendre plus sur ce réalisateur iconique et hyperactif.
RETOUR VERS LE PASSÉ
Takashi Miike a débuté sa carrière dans le secteur du « V-cinema », des petites productions réalisées à la chaînes et vendues directement en vidéo. Ses long-métrages sont donc filmés à une cadence fulgurante, allant à un rythme de quatre à cinq film par an. Ce marché ayant disparu avec internet, Miike fait partie des rares cinéastes à s’être adapté aux nouvelles conditions de marché. Désormais, il ne réalise « plus que » un ou deux films par an. Miike conçoit que cela aurait impacté la qualité de ses œuvres, assimilant ce changement aux techniques de sprint versus marathon.
Un extrait de son premier long-métrage Lady Killer a été diffusé durant la Masterclass. À la fin de cet extrait, Miike a fait la constatation qu’il n’avait pas beaucoup évolué depuis, tant l’approche à la fois comique et sanglante faisait déjà partie inhérente de son cinéma. Tous les films qu’il a réalisés ont autant d’importance pour lui les uns que les autres, formant une seule et grande œuvre. Miike admet cependant avoir un coup de cœur pour Visitor Q, film dérangé et dérangeant sorti en 2001.
UNE IMAGINATION DÉMESURÉE
Le cinéaste touche à tous les genres : faisant un film violent et en parallèle un film pour enfant qui dénigre la violence, afin d’équilibrer le tout. Il considère avoir autant de liberté dans la réalisation d’un film de commande que dans un projet à petit budget. Car en ce qui concerne les contraintes d’un de ses producteurs, Miike se contente de faire semblant d’écouter et continue à sa guise. Non sans raison, il s’est fait attribué le titre d’« enfant terrible du cinéma ».
Ce workaholic du septième art semble ne jamais manquer d’idées farfelues. Déjà à ses débuts, les producteurs se fiaient à lui pour se débrouiller et imaginer une scène lorsque ceux-ci arrivaient en pannes d’inspiration. Même le lac de Neuchâtel, trop calme pour être bon signe, fait fourmiller l’imagination de Miike. Il imagine déjà des yakuza qui en émergent par centaines et des habitants lacustres à formation militaire de se battre contre eux. Cependant, le réalisateur doute que quiconque ne veuille financer cette ébauche de scénario de film.
DES ŒUVRES À RÉSONANCE MONDIALE
Miike a réalisé beaucoup de films adaptés de manga. Les quatre long-métrages du réalisateur qui sont diffusés cette année au NIFF, ont tous été inspirés soit d’un manga, soit d’une série animée. Lui-même étant fan de manga, Miike tient à ne pas décevoir fans et auteurs des œuvres qu’il choisit d’adapter sur grand écran. Le cinéaste avoue en l’occurance que Jojo’s Big Adventure, diffusé la veille en première internationale, était une sacrée paire de manche. La réception positive du public, parmi lesquels se trouvaient des fidèles lecteurs de l’œuvre originale, l’a convaincu que ce dernier opus était à la hauteur des attentes des fans.
A présent, Miike compte collaborer pour une production chinoise. Il a récemment été nommé membre de la Hollywood Film Academy, mais le réalisateur attend d’être proprement invité avant de s’en réjouir. Miike estime que les cinéastes aiment autant faire des films qu’en regarder, mais lui-même ne se considère pas cinéphile. Il ne souhaite regarder des films uniquement dès lors qu’il ne pourra plus en réaliser.
Crédits Photo : Rebbeca Bowring pour le NIFFF, Clarisse Aeschlimann
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