The Day I Lost My Shadow est sans conteste l’un des meilleurs films de la sélection du FIFF de cette année, et Dieu sait qu’il y a du niveau.

L’histoire est simple, et cette simplicité permet à l’empathie du spectateur de s’épanouir dans toute sa magnificence face à la douleur.

Damas, Syrie, 2013. Exactement.

Voilà un an que les bombardements ont commencé. L’espoir n’est pas encore tout à fait mort. De toute manière, l’espoir n’a pas le droit de mourir lorsqu’on est la mère d’un petit garçon dans un monde en guerre. Cela n’empêche pas l’espoir de mourir un peu plus à chaque coupure de courant, coupure d’eau, coupure de réseau téléphonique. Chaque fois, l’enfant voit sa mère s’effondrer un peu plus, pour finir par se relever, forte, comme doit l’être une mère dans un monde où il pleut des bombes.

Tout bascule lorsque la bonbonne de gaz est vide. Sana part en chercher une nouvelle. Oubliez l’image de la mère de famille du tiers-monde qui traîne son pot vide et son voile dans un désert à perte de vue. Damas est – était – une capitale comme les autres. Sana est une mère de famille comme les autres. Lorsqu’elle part chercher du gaz, c’est en jeans, avec son manteau noir et son écharpe, la peur au ventre à chaque poste de contrôle. Heureusement, elle n’est pas seule. Elle est accompagnée d’un homme, tête brûlée et impétueux comme seuls les hommes peuvent se permettre de l’être, et de sa sœur, porteuse d’un minimum de bon sens et par extension ange gardien forcé qui veut juste que son frère reste en vie. Ce sont eux qui lui expliqueront que les ombres, parfois, disparaissent. Sans plus d’explications. Mais la vie s’en chargera.

The Day I Lost My Shadow est un film poignant, prenant, émouvant. On en ressort en ayant épuisé nos réserves d’émotions, sans vraiment savoir comment gérer l’effet wow et, surtout, sans la moindre idée du temps qu’il faudra pour le digérer.

The Day I Lost My Shadow
Soudade Kaadan
Syrie, France, Liban & Quatar
2018
90 minutes
Crédits photo: © FIFF