« L’essentiel est invisible aux yeux », dit-on. Dans The Seen and Unseen, l’essentiel est partout, dans chaque détail, dans chaque moment, perceptible par tous les sens.

Le film raconte une fable touchante au travers de ses personnages, une petite fille et son jumeau malade. C’est par leur yeux innocents, leurs petites mains, leurs sens d’enfants que l’on est invité·e à se promener dans cette fable magique. L’univers du film a été construit comme le verraient des enfants, avec cette vision si spéciale des choses qui existent, n’existent pas ou se trouvent entre les deux. L’effet magique du film transpire la même énergie que celle qui s’échappe des conversations d’enfants avec leur ami·e imaginaire, lorsqu’ils n’ont pas encore remarqué qu’ils n’étaient plus seuls.

La narration n’y existe pas, du moins pas au sens où on l’entend habituellement. Le film ne se regarde pas, il se vit, se respire, se touche, s’entend. On n’y assiste pas, on le perçoit, par tous nos sens et au-delà. On le perçoit comme l’enfant tapi au fond de nous qui ne nous a jamais vraiment quitté et qui peu à peu se réveille aux sons du film, normaux aux oreilles d’adultes, magiques aux oreilles d’enfants. Il se réveille et contemple la Lune qui déverse sa lumière mystique sur la nuit.

Les plans du film agrandissent les yeux d’émerveillement avant même que l’on ait saisi ce qu’il se passe, dans une sorte de mouvement réflexe du corps où les yeux se rappellent les merveilles passées et réagissent aux merveilles présentes avant que le cerveau n’ait pu en détecter la beauté rationnelle. L’expérience se fait sensorielle et extra-sensorielle, réveillant des instincts ancestraux éteints, enfouis depuis l’enfance. The Seen and Unseen est un film à vivre plus qu’à voir, mais surtout à ne pas rater.

The Seen and Unseen
Kamila Andini
Indonésie, Pays-Bas, Australie & Quatar
2017
86 minutes
Crédits photo: © FIFF