Publié en 2012, «Rescapé du camp 14, de l’enfer nord-coréen à la libert» est très vite devenu un best-seller. Acclamé par la presse anglo-saxonne et traduit en 24 langues, cet ouvrage présente le témoignage d’un nord-coréen né dans un camp de travail. Une écriture simple et concise retranscrit le quotidien d’individus considérés dans leur pays comme des «ennemis de la nation».
Shin Dong Hyuk est né en 1982 dans «le camp 14». Depuis son plus jeune âge, la faim, la violence et la mort font partie de son quotidien. A 6 ans, il voit l’une de ses camarades de classe battue à mort pour avoir volé cinq graines de maïs. A 12 ans, Il est torturé car son frère aîné et sa mère ont tenté de s’évader. Quelques mois plus tard, il assiste à leur exécution.
En 2005, alors âgé de 23 ans, Shin Dong Hyuk réussit à s’évader. Commence alors pour lui un long périple. De la Corée du Sud jusqu’aux Etats-Unis, en passant par la Chine, Shin Dong Hyuk découvre le contraste avec un autre monde. Peu à peu, il saisit l’horreur dans laquelle il avait vécu jusqu’alors. Il lui est très difficile de s’adapter au mode de vie ainsi qu’aux valeurs de la civilisation moderne.
En 2008, Shin Dong Hyuk rencontre le journaliste américain Blaine Harden, directeur du Washington Post à Tokyo. A eux deux, ils vont écrire «Rescapé du camp 14, de l’enfer nord-coréen à la liberté». Un témoignage hallucinant et unique, où les souvenirs du jeune coréen sont complétés par les analyses du journaliste sur le régime ainsi que part divers témoignages, provenant d’anciens gardes de camps de travail ou de réfugiés nord-coréens. L’écriture est simple et directe. Le contenu reste complexe et bouleversant.
Récompensé par le Grand Prix de la biographie politique en décembre 2012, cet ouvrage fait non seulement découvrir le récit stupéfiant d’un rescapé du régime concentrationnaire nord-coréen, il livre aussi une analyse lucide des principaux aspects du système politique de la Corée du nord et des relations de ce pays avec notamment la Chine, la Corée du Sud et les Etats-Unis. Enfin, il sensibilise le lecteur aux difficultés qu’entraînerait la chute totale de ce système et fait comprendre que la solution ou les solutions à ce problème ne sont pas simples.
Au vu de cette problématique sensible, il est difficile de donner une analyse totalement objective. Il convient donc de préciser que la lecture de cet ouvrage ne suffit pas à se faire une idée précise des complexités du système politique de la Corée du nord. En effet, il est peu question de l’attitude générale du pays vis-à-vis des dénonciations de nombreuses organisations sur l’existence et les conditions de vie dans ces camps. Ce livre reste avant tout un témoignage au travers duquel les auteurs font découvrir et dénoncent le cauchemar auquel sont livrés, chaque année et toujours à l’heure actuelle, des centaines de milliers de personnes[1]. A lire absolument!
[1]200’000 selon Amnesty France.
Inès Radermaker
