Envie de mater quelque chose ? Une nouvelle plateforme de streaming SSR verra le jour à l’automne 2020. Entrevue du projet avec Lauranne Peman, porte-parole du service public médiatique.
Le projet en deux mots
La SSR assure que le but n’est pas de créer un nouveau produit et de le monétiser, mais bien d’élargir l’offre existante pour s’adapter à la demande d’aujourd’hui. « La plateforme que nous nous apprêtons à lancer répond à une demande forte du public qui consomme les médias à la carte et en déplacement », explique Lauranne Peman. Il faut imaginer un Netflix Suisse, plurilingue, où des algorithmes proposent des contenus personnalisés en fonction des sensibilités : « Cela permettra au public de consommer les productions de la SSR en fonction de thématiques, et non plus en fonction de critères de langue. Le contenu sera sous-titré ou doublé, ce qui a pour objectif de faire circuler les contenus en Suisse plus facilement », poursuit la représentante SSR. Faudra-t-il souscrire à un abonnement supplémentaire ? Ce ne sera pas nécessaire, rassure la porte-parole : « Le projet vise à fournir une valeur ajoutée à la population suisse qui paie la redevance en lui proposant toute la palette de contenus créés par les différentes unités d’entreprise, au-delà des frontières linguistiques. » Pour une question de droit de diffusion et de mandat de service public, le tout serait alors accessible uniquement à l’intérieur de nos frontières.
Dépasser le centrisme linguistique
Au-lieu d’être cloisonné dans un centrisme linguistique, le public aurait alors accès à une vue d’ensemble sur les enjeux nationaux dépassant ainsi le Röstigraben. Voilà une démocratisation de l’accessibilité aux contenus médiatiques, qui auparavant était parcellarisée linguistiquement. Mais à quoi bon ? Pensez à une thématique qui vous tient particulièrement à cœur. Ne serait-il pas enrichissant de pouvoir l’explorer sous divers formats et divers points de vue régionaux en cherchant le mot-clé correspondant ? En effet, Lauranne Peman nous explique : « Le focus se fera sur le programme de fiction, c’est-à-dire sur notre offre de films ainsi que sur les séries et documentaires produits ou co-produits par la SSR dont nous détenons les droits. Des contenus d’information sur des sujets suprarégionaux sont également envisageables, de même qu’une conservation spéciale de contenus d’archives. »
Produire des contenus originaux, le Pacte de l’audiovisuel
Le Pacte de l’audiovisuel, c’est 400 millions investis dans la création cinématographique suisse depuis 1996, soit plus de 2800 films, 20 séries et 140 co-productions pour une enveloppe annuelle de 32,5 millions de francs. À un tel taux de production, le projet de plateforme numérique SSR prend tout son sens. Une bonne façon de contrebalancer ou de complémenter l’offre des GAFAM, dont le contenu semble de plus en plus uniformisé et américanisé. Qu’en est-il de la concurrence que peuvent représenter les géants de l’audiovisuel dans le paysage médiatique helvétique ? « La bataille sur ce terrain se joue surtout autour des questions de recettes publicitaires. C’est précisément ce point qui est douloureux pour les médias suisses dans leur ensemble, qui voient une grande partie de leurs recettes partir vers les GAFAM. » conclut Lauranne Peman.
Texte et images : Léa Crevoisier et Stéphane Huber