Le sexe. Avec un grand S et tous les tabous qui l’accompagnent. Voilà ce que la rubrique Sexualité de Spectrum vous propose de déconstruire.
La sexualité, c’est le bonheur, le nirvana, le paradis. Mais pas que. Elle peut aussi être terriblement angoissante, à ne pas en dormir, à se poser des milliers de questions sur une pratique qui occupe pourtant une grande partie de notre vie.
La pression sexuelle au masculin
« Trois, deux, un, c’est parti. On inspire. Mission : tenir le plus longtemps ! »
La pression sexuelle chez les hommes est un tabou à déconstruire. Les raisons sont nombreuses : enfiler une capote, la taille de son sexe, ne pas venir trop vite, faire jouir sa partenaire [1] … ça en fait des choses à penser ! D’autant plus que l’homme a souvent l’impression de devoir « mener » le rapport ce qui lui ajoute une charge supplémentaire. On reprend. Personne n’a à assumer l’acte sexuel, c’est un moment qui se partage. Et vu qu’on est dans le réel, on partage aussi bien la panne de Monsieur que les frouts de Madame.
Revenons à ces angoisses, en commençant par la pression de la durée. Tout d’abord, sachez messieurs que la longueur moyenne d’un rapport sexuel est de 5,4 minutes selon l’étude de Brendan Zietsch (menée auprès de 500 couples au Royaume-Uni, en Espagne, en Turquie, aux Pays-Bas et aux Etats-Unis). Alors ôtez-vous de la tête l’idée qu’un coït doit durer le plus longtemps possible. Une heure c’est trop, on n’en peut plus ! Au contraire, si vous voyez votre partenaire piquer un somme, abrégez ou changez de stratégie. En revanche, si vous avez tendance à venir vite, ce n’est pas un problème, mais pensez à vous occuper de votre partenaire. Scoop ! Le rapport ne prend pas fin avec l’éjaculation. Une éjaculation n’est précoce que si l’on décide qu’elle l’est. Sachez aussi que certaines personnes trouvent cela flatteur. Savoir qu’on est si sublime qu’on vous fait jouir en 2 minutes top chrono, c’est excitant. Et ce n’est pas une performance que l’on vous demande de réaliser mais un moment convivial de plaisir. Alors cessez de vous excuser de jouir (on est là pour ça non ?) et profitez !
Passons à la pression de la taille. Tout d’abord, on ne le dira jamais assez, ce n’est pas la taille qui compte mais l’utilisation ! Paul-Hervé a beau avoir un gros anaconda dans le slip, s’il ne sait pas l’utiliser, ça nous fait une belle jambe. Alors sortez-vous de la tête l’idée qu’il faut être le plus grand pour être le meilleur et apprenez à aimer ce que vous avez. Le self love, ça se perçoit et ça donne envie. Alors détendez-vous et pas de panique si vous avez une petite panne, personne ne va vous juger.
Plus encore, la pression de l’orgasme féminin. Cette formule mythique et obscure. Déjà arrêtez de ramener ça à vous. Si on ne jouit pas, votre ego n’en prend pas un coup. Prenez votre temps et évitez de nous faire sentir que c’est LE but ultime. Si l’orgasme ne vient pas, ce n’est pas la fin du monde, l’important c’est qu’on ait passé un bon moment. Cela dit, petit conseil, la jouissance féminine est presque impossible à atteindre sans stimulation clitoridienne. Alors mettez la main à la pâte. Ça ne sert à rien de taper dans le fond, on commence par le clito et vous aurez des chances d’y arriver. Et surtout demandez à votre partenaire de vous guider (elle le connaît mieux que vous). N’oubliez pas, l’orgasme s’atteint à deux.
Parlons encore de vos petits complexes. Selon une étude de Benenden Health, 58% des hommes complexent sur leur ventre et un homme sur huit ferait secrètement un régime. Il y a également l’obsession des muscles et 14 % des hommes craignent de ne pas être suffisamment musclés et de ne pas avoir l’air viril. La calvitie provoque aussi les peurs de ces messieurs, de même que les fameux moobs (les boobs masculins). Et il y en a d’autres : la taille, la pilosité, les dents jaunes, etc. Alors mesdames, sachez que vous n’êtes pas les seules à avoir des complexes et qu’il est aussi temps d’apprendre aux hommes le self love. Le body positive, c’est aussi pour les hommes (on vous propose d’ailleurs de découvrir la page @bodypositivityformen sur Instagram). Messieurs, apprenez à vous aimer. Ça se voit, ça se sent, c’est excitant.
La pression sexuelle au féminin
« Trois, deux, un. Lumières tamisées, ok. Petite musique, ok. Petit body, opérationnel. Épilation, nette et précise. C’est parti ! »
Les femmes sont sujettes à tout autant de tabous et de pression sexuelle que les hommes. Cette réalité est imposée par une vision archaïque de la sexualité et une image du corps idéalisée.
La pression principale à laquelle les femmes ont affaire, surtout au début de leur sexualité, c’est l’idée reçue selon laquelle il faut absolument faire éjaculer l’homme. Mesdames, cessez de vous mettre ce poids sur les épaules. Tout d’abord, l’homme peut tout à fait s’en charger lui-même. Ensuite l’idée de penser qu’un rapport s’est mal passé car il n’y pas eu d’éjaculation, est toute aussi fausse que le mythe urbain qui veut que la femme n’ait pas de plaisir si elle n’a pas d’orgasme. L’homme peut aussi prendre plaisir dans la sensibilité du moment partagé avec sa partenaire, sans pour autant être là uniquement pour devenir le jet d’eau de Genève. De plus, il existe aussi une légende selon laquelle il serait douloureux pour un homme de ne pas jouir et de rester dur. Si c’est le cas, messieurs, nous vous invitons à consulter un spécialiste. Ce n’est certes pas agréable mais ce n’est pas supposé être douloureux.
Deuxième point, la perfection du corps féminin. Toutes les femmes sont belles. Magdalena n’est peut-être pas votre style, elle ne vous plaît pas, mais son corps restera beau pour un autre. En effet, les femmes portent l’énorme pression sociale de toujours devoir être parfaites, et particulièrement dans la sexualité. Pour une femme, aujourd’hui encore, se préparer à un rapport c’est souvent s’épiler, se parfumer, se maquiller, se coiffer et porter sa plus belle lingerie. Ça peut être un choix, là n’est pas la question. Mais il s’agit d’avoir conscience de la pression énorme de l’image du corps parfait qui pèse particulièrement sur les femmes. Mesdames, on apprend à s’aimer ! Et si mettre cette guêpière en dentelle vous aide à vous sentir mieux, soit. Mais que cela ne soit pas une obligation à laquelle vous vous soumettez.
Les femmes craignent également souvent d’être dans le schéma, terrible, de l’étoile de mer. Et ressembler à un animal marin flasque et immobile au moment précis où vous avez envie que votre partenaire vous voie comme la « queen du game », personne n’a envie de ça. Alors on se dit « il faut que je gémisse plus, que je fasse quelque chose » et ces pensées parasites empêchent de lâcher prise. La crainte de ne pas être assez active et de faire porter à l’homme l’intégralité d’un rapport occupe en effet souvent la femme, surtout dans le début de sa sexualité. Alors, pas de panique, vous avez envie de vous laisser aller, faites-le. Vous désirez prendre le contrôle et menotter monsieur au lit, ne vous en privez pas. La sexualité, c’est avant tout d’écouter son corps et de suivre ce qu’il vous souffle de faire.
Une autre crainte, et pas des moindres, est la pression de la contraception. En effet, beaucoup d’hommes, désireux de ne pas ressentir la gêne occasionnée par le préservatif, poussent leurs partenaires à interrompre son utilisation. Messieurs, sachez qu’après chaque rapport non protégé, s’insinue le doute minuscule de savoir si un petit être n’est pas en train de grandir en nous. Alors, tant que votre partenaire n’est pas prête, n’essayez pas de la convaincre, d’argumenter ou de lui faire du chantage en lui faisant croire que ça vous empêche de bander. Si c’est le cas, c’est simplement que le préservatif n’est pas adapté et qu’il faut en utiliser un autre. Et pensez à Madame en train d’uriner sur un bâtonnet et de patienter trois longues minutes avec la crainte de voir apparaître deux lignes indiquant une décision difficile à prendre. Donc si Madame veut utiliser une capote, c’est son choix et il ne s’agit pas de l’amener à en changer. Et vous, mesdames, ne vous laissez jamais influencer pour faire plaisir à une autre personne. Il s’agit de votre corps et vos décisions sur ce dernier sont sacrées.
Encore une pression, celle de l’orgasme. Souvent, la femme a la sensation que, lorsque son partenaire n’arrive pas à la faire jouir, ce dernier est frustré, craignant que sa virilité ne soit remise en cause. Scoop : parfois on ne jouit pas mais on peut avoir pris du plaisir. Mesdames, on arrête de penser que de ne pas atteindre l’orgasme signifie avoir un problème. Si vous ne parvenez pas à jouir, vous n’êtes pas frigides. Je vous vois, pas la peine d’aller faire vos recherches sur doctissimo. Pas de panique si vous ne jouissez pas. Il faut du temps, de l’expérience, découvrir son corps pour guider son partenaire et, si ça n’arrive pas, ça n’est pas grave, réessayez une autre fois. Et surtout, ne simulez pas mais essayez plutôt d’exprimer à votre partenaire ce qui vous fait du bien ou qu’il ne maîtrise pas tout à fait.
Parlons finalement de vos petits (gros) complexes. Malheureusement, l’idéal du corps parfait féminin, sexualisé et omniprésent, soumet les femmes à une énorme pression qui provoque d’immenses complexes. Il n’existe pas une femme qui n’ait pas, durant son adolescence, rejeté son apparence. Avec le temps, cependant, une fois assimilé que cet idéal de beauté n’est justement rien d’autre qu’un idéal, on apprend à s’aimer telle que l’on est. Ventre mou, cellulite, vergetures, petites poitrines, fesses plates, cheveux blancs, acnés, l’insensé thigh gap (l’écart entre les cuisses), poils, la liste est longue et il n’est plus temps de prouver que les femmes ont des complexes mais plutôt d’apprendre à s’aimer pour ce que l’on est.
L’on peut donc conclure en affirmant que la pression sexuelle touche aussi bien les hommes que les femmes dans une société encore très marquée par une recherche de la perfection. En espérant que ce petit compte rendu, bien évidemment non exhaustif, ait pu vous permettre d’avoir un autre regard sur votre sexualité et sur la pression qui l’accompagne. Si cet article a éveillé en vous une pointe de curiosité, les podcasts de Queen Camille offriront peut-être d’autres clés de lecture sur la question.
Cordialement,
Velia Ferracini
[1] Cet article porte sur des rapports hétérosexuels mais ne vous en faites pas, il s’agira également de s’intéresser aux autres types de relations sexuelles. On n’oublie rien !