Dossier FIFF: Critique Skandberg

À l’occasion de la 36ème édition du Festival international du film de Fribourg (FIFF), Spectrum vous propose une couverture des différents films et autres conférences qui parsèment le festival: Notre avis sur le film Skanderbeg.

 

Face au plan Marshall et à la propagande cinématographique venue des Etats-Unis, on ne peut pas dire que le bloc de l’Est ait à rougir. En effet, ce Skanderbeg, présenté au FIFF  dans le cadre de la carte blanche de Gjon’s tears qui met à l’honneur le cinéma nous venant d’Albanie, présente un “petit père du peuple” albanais dans un écrin des plus spectaculaires. Co-produite par l’URSS, cette grosse production albanaise réalisée par Sergueï Youtkevitch, cinéaste ayant beaucoup œuvré sous le stalinisme, narre l’histoire du légendaire George Castriote Skanderbeg.

Enlevé à sa chère Albanie depuis sa tendre enfance par les troupes ottomanes au XVème siècle, Skanderbeg devient à l’âge adulte l’un des plus grands généraux de l’armée de ces ravisseurs. Mais un jour, alors qu’une conversation avec un historien chantant la gloire de l’empire Ottoman remet en cause ses certitudes, il croise un albanais en guenille qui lui dit le malheur de son peuple. C’est alors que Skanderbeg tourne le dos aux ottomans et décide d’aller se battre pour un peuple “bon qui aime la liberté”.

 

Jeu d’acteur outré, batailles dantesques, cette adaptation romancée de la vie d’un authentique héros national albanais présente coche toutes les cases du biopic guerrier et épique des années 50. Cela se ressent malheureusement dans le rythme du film et dans le manichéisme du scénario qui rend la pellicule quelque peu programmatique et prévisible mais cela est compensé par des décors sublimes, des costumes soignés et une mise en scène extrêmement bien pensée. Très doué pour iconiser ses personnages, Youtkevitch use de tous les moyens pour livrer toute l’ampleur  de cette page du roman national albanais. Les scènes de bataille et de danses sont à ce titre encore aujourd’hui impressionnantes et montrent à quel point le rouleau compresseur soviétique tenait la dragée haute aux productions occidentales de l’époque.

Ainsi, Skanderbeg  est un film aussi bancal que spectaculaire dans lequel on devine tout de même une affection sincère pour le peuple albanais (celui-ci est représenté avec force dignité et panache) et parvient parfois à se montrer véritablement beau comme lors de la touchante scène finale, ode aux peuples qui font les royaumes…