Astrid Epiney, professeure en droit européen, international et public depuis 1994, est rectrice de l’Université de Fribourg depuis 2015. Au début du mois de mars, elle a accepté de répondre à quelque question de Spectrum.

 

Comment vous vous sentez à l’idée de terminer votre mandat en janvier 2024 ?

Pour le moment, je suis encore bien occupée : beaucoup de dossiers importants mais aussi de dossiers « habituels » sont en cours et nécessitent toute mon attention et celle du Rectorat dans son ensemble.

© Florence Valenne

Quel a été le parcours qui vous a porté au poste de rectrice de l’Université de Fribourg ?

Après avoir commencé mon activité en tant que professeure à la Faculté de droit avec beaucoup d’enthousiasme (j’aime tant l’enseignement que la recherche), j’ai été assez rapidement sollicitée pour prendre des responsabilités tant au niveau de la Faculté de droit et de l’Université de Fribourg qu’au niveau suisse, par exemple à la Fondation Science et Cité, au Fonds National ou (plus tard) au Conseil suisse de la science. Vers 2013, le président du corps professoral d’alors m’a demandée si j’étais à disposition pour assumer la charge de rectrice. Après mûre réflexion, j’ai confirmé ma disponibilité et mon intérêt, non sans me poser quelques questions (est-ce que je suis capable de relever le défi ? Est-ce que je suis prête à renoncer à un certain nombre d’activités ? etc.). J’ai été avant tout motivée par le fait que l’Université de Fribourg est une belle institution et une université importante tant pour le Canton de Fribourg que pour la Suisse, avec son bilinguisme, son côté humain et le rôle important de l’interdisciplinarité. L’Université de Fribourg est aussi une « vraie université suisse » dans le sens qu’environ deux tiers de nos étudiant·e·s viennent d’autres cantons : le corps estudiantin est alors à l’image de la Suisse et réunit des personnes provenant des quatre coins de la Suisse permettant un réel échange confédéral.

À quoi ressemble votre journée ?

Il n’y a pas une journée type. Il y a toujours un moment consacré aux « choses courantes ». Ensuite, il y a souvent des réunions tant au niveau de l’Université de Fribourg (par exemple avec les doyens, des nouveaux membres du corps professoral ou avec les membres du rectorat) qu’au niveau cantonal (par exemple avec la Conseillère d’État en charge de l’Université ou ses services) et national (notamment au niveau de swissuniversities, la conférence des rectrices et recteurs suisses, où je préside la Chambre de Hautes Ecoles universitaires). Et bien sûr, il y a la préparation de dossiers divers et des réunions. Ensuite, il y a aussi des projets concrets qui sont particulièrement importants et nécessitent un certain investissement, comme maintenant l’intégration de l’HEP (Haute École Pédagogique) dans l’Université […] Ceci dit, le Rectorat est une équipe, et c’est seulement en équipe que nous pouvons relever les différents défis liés à la direction de l’Université de Fribourg.

Comment concilier toutes ces activités avec la vie privée ?

Il faut mettre des priorités et, en effet, la charge est relativement importante tant au niveau quantitatif que qualitatif. En ce qui me concerne, s’y ajoute encore le fait que j’ai voulu garder un pied dans l’enseignement et la recherche, et il vaut mieux être un peu organisée et disciplinée. Au-delà de mon travail, je pratique du sport d’endurance très régulièrement. Je fais aussi un peu de musique.

© Florence Valenne

Que signifie pour vous être la première femme rectrice à Fribourg ?

Le fait d’être la première femme rectrice est aussi un certain hasard historique : cela devait arriver un jour et c’est tombé sur moi. Ceci dit, il est important que les femmes prennent des responsabilités dans la société à plusieurs niveaux, et pour cela, il faut des « rôles modèles ».

Quels sont vos conseils pour les étudiant·e·s ?

© Florence Valenne

Il me semble qu’il y a de plus en plus chez plusieurs une certaine peur de l’avenir, liée au travail, au changement climatique, aux retraites, etc. De plus, si on regarde autour de soi, il y a des crises partout. Mais je pense qu’il est important de garder un certain optimisme […] Je pense que les étudiant·e·s qui sont bien formé·e·s ont un rôle important à jouer et sont appelé·e·s à prendre leurs responsabilités dans la société de demain