Le Festival du Film Locarno est bientôt terminé. Demain le Prix principal de la manifestation sera octroyé à un des films de la sélection «Concorso internazionale». Panorama des longs-métrages.

Vingt films sont en lice pour gagner le Pardo d’Oro. Le but de la sélection: donner une image transnationale du festival, comme l’explique le site internet. «Un jury de personnalités célèbres est chargé de décerner le prestigieux Pardo d’Oro à l’un des vingt longs-métrages – fictions ou documentaires – originaires du monde entier et présentés en première mondiale ou internationale ». L’équipe de Spectrum présente sur place vous en présente un échantillon.

Images marquantes et thèses alarmistes dans «Pays barbare» (Blaise Fasel)

«Pays barbare», ce sont des extraits de film inédits débusqués dans des archives privées et retravaillés artistiquement. Ils montrent l’Abyssinie italienne sous le règne de Mussolini. Le symbolisme colonial est exposé à travers ce témoignage d’époque.

Mais «Pays barbare» n’est pas un documentaire au sens classique du terme. C’est plutôt une œuvre artistique. Mis en couleurs, accélérés ou ralentis, les extraits ont été revisités par les réalisateurs. Un commentaire strident accompagne les images. Non pour expliquer, mais pour dénoncer. Dénoncer un fascisme du présent, menaçant prétendument la société d’aujourd’hui. Une distorsion qui a le mérite d’être théâtrale. Mais le spectateur, lui, se retrouve déboussolé, avec un arrière-goût d’inachevé.

Opinion: 5/10

Pays barbare, 2013, 65’, France

Directors : Yervant Gianikian, Angela Ricci Lucchi

«Tableau noir»: droit au coeur (Laura Dick)

Jura, aux frontières du Val-de-Ruz. Une petite école neuchâteloise accueille six enfants entre 6 et 12 ans. Les classes mélangées et les deux maîtres attentifs font de cet institut un modèle. Mais l’école, appelée «La montagne» est bien plus que cela. Elle est un lien entre tous les petits villages de la région. C’est le cœur puissant de la montagne. Après trois générations d’écoliers, le maître Gilbert Hirshi doit faire face à un nouveau défi: la fermeture de son école.

«Tableau noir» est un film-documentaire très bien réussi. Simple et sensible, le long-métrage montre une année scolaire entière à «La montagne». Les spectateurs accompagnent les petits élèves dans leurs défis et leurs conquêtes. Les émotions sont multiples: surprise, fascination, joie, tristesse, rage. «Tableau noir» lance aussi un message: la fermeture de ces écoles de montagne a des conséquences énormes sur la vie de la région. La décision doit être prise avec prudence.

Opinion : 9/10

Tableau noir, 2013, 117′, Suisse

Directors:Yves Yersin

«E Agora ? Lembra-me», touchant mais sans plus (Blaise Fasel)

Le réalisateur portugais Joaquim Pinto est porteur du VIH et de l’hépatite C depuis presque vingt ans. Désespéré, il tente un traitement révolutionnaire mais dangereux. Son documentaire «E Agora? Lembra-me» fait la chronique d’une année passée sous l’influence de drogues toxiques et psychotropes.

Présentée comme une réflexion sur l’amour et l’amitié, «E Agora? Lembra-me» se cantonne surtout à la réflexion d’un homme sur lui-même, dans une atmosphère de vase-clos. Touchant, même émouvant en début de séquence, le film se transforme rapidement en une introspection pour le moins lassante.

Opinion : 3.5/10

E Agora ? Lembra-me, 2013, 164’, Portugal

Director : Joaquim Pinto

«Sangue»: entre polémique et critique cinématographique (Laura Dick)

L’histoire racontée par ce film peut être résumé ainsi: l’expérience de deux amis face à la mort d’une personne chère. Les deux protagonistes sont Pippo Delbono, réalisateur du film, et Giovanni Senzani, ex-leader des Brigades rouges en Italie. L’histoire est véridique.

Le film est tourné avec un téléphone portable et un appareil photo. Le réalisateur commente quelques fois les images. Le tout, toutefois, se révèle confus, et la technique bancale et mal tournée. Début, fin et milieu forment un ensemble décousu.

Avec une scène de plus de cinq minutes focalisée sur le cadavre immobile, l’accent mis sur la mort de la mère de Delbono est exagéré. De plus, les polémiques sur le long-métrage ne tardent pas à émerger. Etait-il vraiment nécessaire d’avoir Giovanni Senzani, considéré un ex-terroriste et homicide, dans ce film? Un film qui le montre humain et jamais repenti?

“Sangue” semble être tombé par hasard dans la sélection « Concorso internazionale ».

Opinion : 2/10

Sangue, 2013, 92′, Italie/Suisse

Director : Pippo Delbono

Les autres films du « Concorso internazionale »

– «Feuchtgebiete», de David Wnendt (Allemagne)

Voir le compte rendu de Blaise Fasel «Haro sur Feuchtgebiete» du 12.8.2013.

Opinion : 7/10

« Short Term 12 », de Destin Cretton (U.S.A).

Voir l’article de Laura Dick «Zoom sur une première de presse», du 11.8.2013.

Opinion : 8/10

– «Când se lasa seara peste Bucuresti sau metabolism», de Conreliu Porumboiu (Roumanie-France)

– «Educação Sentimental», de Julio Bressane (Brasil)

– El mudo, de Daniel Vega (Perù – France – Mexique)

Le quotidien tessinois La Regione, l’a trouvé convainquante.

– «Exhibition», de Joanna Hogg (Grande Bretagne)

– «Gare du Nord», de Claire Simon (France-Canada)

– « Historia de la meva mort », de Albert Serra (France- Espagne)

– «L’étrange couleur des larmes de ton corps», de Hélène Cattet et Bruno Forzani (Belgique, France, Lussembourg)

– «Mary Queen of Scots», de Thomas Imbach (Suisse- France

– «Real», de Kiyoshi Kurosawa (Japon)

– «Shu jia zuo ye», de Tso-chi Chang (Taiwan)

– «Tomogui» de Shinji Aoyama (Japon)

– «Tonnerre» de Guillaume Brac (France)

– «U ri Sunhi» de ong Sangsoo (Corée du Sud)

– «Une autre vie» de Emmanuel Mouret (France)

La Piazza Grande assistera bientôt à la remise du Pardo d'Oro. - LD