C’est l’histoire d’un combat à l’unisson. Celui du peuple opprimé d’Egypte. A travers une poignée de manifestants, la réalisatrice Jehane Noujaim nous raconte son printemps arabe et la chute de Hosni Moubarak. Très vite, il est clair que la révolution ne s’arrête pas à sa destitution, le pays doit changer tout son système, ses institutions et ses dirigeants. Un documentaire extrêmement fort et juste.
C’est Ahmed qui prend la parole en premier. Il nous explique comment tout a commencé dans son pays. Lui, citoyen ordinaire, a décidé de sortir dans la rue pour soutenir le pouvoir du peuple. Il a occupé la place Tahrir, symbole de la révolution. Il a vu disparaître les différences, il dit que le plus beau dans ce soulèvement c’est la solidarité. Il a cru que l’armée pourrait les protéger, puis il a lutté contre eux. Il a cru aux élections législatives, puis il a lutté contre le candidat élu, Mohamed Morsi. Pour lui, la révolution sera toujours là pour combattre le mal.
On découvre ensuite Khalid, né à l’étranger mais revenu s’installer au pays et se battre pour une société plus équitable. Il est persuadé que la rue est leur meilleure arme et qu’il faut tout filmer pour montrer au monde la situation réelle.
Parmi les personnages marquants, il y a aussi Magdy. Il a été élevé par les islamistes. Il est membre des frères musulmans et les soutient ardemment. Mais c’est sa conscience qui le guide et il choisi la désobéissance plutôt que la soumission. Il nous dévoile un conflit intérieur, entre convictions et religion.
Le génie de ce documentaire tient des images tournées par Jehane Noujaim entre janvier 2001 et juillet 2013 au cœur du conflit, mais aussi aux personnages qu’elle a suivi. Son combat pour la vérité nous transcende et laisse une trace indélébile dans nos esprits. La salle est comble et le public visiblement séduit.
Carole Thévenaz