Cela fait huit ans que le Symposium Imaging The Future fait partie intégrante du Festival de Films Fantastiques de Neuchâtel, et pourtant peu de nifffiens semblent s’y intéresser. Pratiquement personne ne sait en quoi il consiste, et même la grande majorité des bénévoles et habitués du festival n’ont jamais assisté à ces sessions.

Que diantre est donc cette manifestation saugrenue ? D’après le prospectus distribué pour l’occasion, un événement multidisciplinaire focalisé sur la création, la production et l’usage d’images digitales. Sur deux jours entiers, des conférences sont conduites par des spécialistes de l’audiovisuel autour d’un sujet commun. Cette année, les esprits s’échauffaient autours des VFX, jargon pour « visual effects », et des indie games, autrement dit les jeux vidéo indépendants. Point fort pour les non-anglophones, les conférences, conduites en anglais, sont traduites simultanément en français. C’est Autodesk, une société d’édition de contenu numérique, qui sponsorise cet événement et son représentant britannique Nick Manning, qui met les sessions en route.

Dommage que l’événement soit boudé. Les intervenants se sont donnés à cœur joie pour rendre leur exposé innovant et inoubliable. L’un des premiers était l’Autrichien Felix Bohatsch, le cofondateur du studio Broken Rules, qui a présenté le jeu Secrets of Rætikon paru cette année. Avec son design au monde ouvert et semblable à un assemblage d’origamis. Ce jeu montre la beauté et la cruauté de la nature. Pour rendre l’exposé plus phénoménal, le CEO l’a tenu en jouant simultanément au jeu. Une autre présentation d’indie game originale était celle de Among the Sleep, créé par le studio norvégien Krillbite. Le programmeur Ole Andreas Jordet a illustré ses propos avec d’amusants extraits de Gameplay de joueurs connus sur le net. S’en suivirent des présentations de jeux suisses indépendants ainsi que l’introduction de Transmedias, autrement dit des formes d’expressions combinant plusieurs médias différents.

Dans la catégorie VFX, l’imagination est évidemment elle aussi au rendez-vous. Alexandre Poncet, journaliste du magazine français Mad Movies a réalisé un documentaire sur la création des créatures au cinéma. Sa conférence se résume à la diffusion du film en question, appelé The Frankenstein Complex qui sortira officiellement en 2015. Des réalisateurs de films indépendants diffusés au Nifff cette année (Der Samuraï, La Santa) ont eux aussi tenu des présentations sur les divers moyens de créer des effets spéciaux sans gros budget.

L’un des points forts de la journée en rapport à l’invité d’honneur du Nifff George R. R. Martin, était la présentation des effets spéciaux de la série épique Game of Thrones. L’intervenant allemand Sven Martin s’est servi d’extraits des épisodes pour expliquer la conception des dragons présents dans la série. Des passages inédits de la prochaine saison ont été diffusés avec la légitime interdiction d’en filmer le contenu. Après avoir assisté à des présentations d’effets low budget, la différence de qualité était frappante. Les conférenciers suivants en étaient conscients et n’ont pas cessé de s’excuser du manque de réalisme de leurs créations comparé aux effets visuels de Game of Thrones. Cet aperçu a permis au public d’avoir un regard plus intime et connaisseur envers la série.

Petit Bémol. Autant ces experts sont doués dans leur domaine, autant ils ne sont pas des surhommes de l’informatique. Des problèmes techniques se sont produit plus d’une fois, en particulier en ce qui concerne l’enclenchement du son. Toutes ces conférences ont eu lieu dans une ambiance à la fois cordiale et civilisée. La majorité du public issu du domaine était composé soit détudiants, soit de passionnés des alternatives qu’offrent les nouvelles technologies de l’audiovisuel.

Alors déçu d’avoir manqué des conférences aussi épiques que celles- ci ? Vous pouvez en rattraper une grande partie sur:

http://www.imagingthefuture.ch/

Clarisse Aeschlimann