Le dernier film de Céline Sciamma fait remarquer à quel point la banlieue parisienne n’est pas de tout repos quand on a seize ans. Surtout si l’on est une fille et que l’on a la peau sombre.

Marieme est mal dans sa peau : dévalorisée en cours, incapable d’engager la conversation avec le garçon dont elle est amoureuse, obligée de montrer l’exemple à ses petites sœurs et contrainte de se plier aux ordres de son grand frère. C’est en sympathisant avec un gang de filles coriaces qu’elle parvient peu à peu à s’affirmer et à se protéger grâce à la violence. Mais à l’abri des regards indiscrets, la bande s’adonne à des activités « de filles » et danse sous l’emprise de la chanson Shine de Rihanna. Pendant combien de temps parvient-on à jouer les gros durs sans s’y briser le cou ? Voilà l’enjeu principal du récit.

une quête de reconnaissance

Après Tomboy, la réalisatrice française aborde à nouveau la thématique de la jeune fille en quête d’identification et de gratification au sein d’un groupe. Mais là où Tomboy est plus fictif dans son synopsis – une fille d’une dizaine d’années profite d’un déménagement dans une nouvelle ville pour se faire prendre pour un garçon par ses nouveaux voisins – Bande de filles est plus dur car le genre d’existence représentée dans ce film est menée par un grand nombre de jeunes. Dans un environnement où « espèce de meuf » devient la pire des insultes, le « sexe faible » a pour seules options la soumission ou la dissimulation de sa «  vulnérabilité ». Sur ce point de vue et en prenant compte du fait que la quasi-totalité du casting est black, on peut y reconnaître une certaine similitude avec La Couleur pourpre de Steven Spielberg. Une autre ressemblance entre ces deux films est la cruauté et la dureté avec lesquels le sujet de la femme soumise a été abordé.

Bande de filles est divisé en sortes d’interludes, quelques secondes sans images pour indiquer que du temps a passé. Ces passages, qui nous laissent dans le noir sur ce qui nous  attend sont bien placés, mais d’autant plus pénibles vers la seconde partie du film. Car mine de rien, le récit traîne en longueur et certains spectateurs s’étaient déjà mis à applaudir une bonne demi-heure avant la fin du film.

Clarisse Aeschlimann

Bande de filles a fait partie de la sélection de la Quinzaine des réalisateurs à Cannes cette année et était le film de préouverture du Fsstival du Film Français d’Helvétie à Bienne. Il sort officiellement en salle en Suisse Romande le 22 octobre.