Dans la sélection Nouveaux Territoires: Cinéma Indigène Nord-Américain, Smoke Signals,réalisé par Chris Eyre en 1998 est un véritable chef-d’oeuvre d’humour et de poésie.

Dans la réserve de Coeur d’Alene,Idaho, Victor et Thomas mènent la vie de beaucoup de jeunes amérindiens. Un peu paumés, ils zonent, jouent au basketball et idolâtrent Danse avec les Loups. Mais lorsque le père de Victor, qui avait quitté la réserve en abandonnant sa femme et son fils, décède, les deux amis vont se lancer dans un véritable road-trip à travers l’Amérique. Ils vont y découvrir la force du pardon, l’humour mais aussi le racisme latent dont sont victimes les Amérindiens.

Réalisé par Chris Eyre, lui même cheyenne et arapaho, ce film se moque avec légèreté de tous les clichés qui circulent sur les Amérindiens. Du Peau-Rouge stoïque à l’alcoolique, en passant par l’homme-médecine, le film montre deux jeunes écartelés entre stéréotypes, traditions et volonté d’intégration à la modernité tout en évoquant la misère qui règne dans les réserves. Si les images accusent tout de même le poids des années, la fraîcheur du film, elle, reste intacte et nous embarque à la suite des deux héros dans un road-trip qui rend autant hommage aux grands films du genre qu’à la culture amérindienne. Du tacot des réserves à la tradition du frybread, on découvre une vision des réserves et des Amérindiens beaucoup plus subtile et vraisemblable que tous les Lone Rangers bourrés d’effets spéciaux d’Hollywood. Le film rappelle, d’une certaine façon, le cycle que Derib avait dessiné sur le monde des réserves.

Des personnages tout en nuances dans un scénario aussi drôle que profond, laissent le spectateur rêveur, avec comme une envie de regarder les nuages et de se prendre à sourire.

Florian Mottier

 

Crédit photographie: FIFF, « Smoke Signals »