Cette semaine, bravant la canicule, Spectrum est allé chercher l’ombre et les frissons dans les salles obscures de Neuchâtel. Comme toujours le NIFFF réserve un bon lot de pépites kitsch, de morceaux de bravoure rétro, mais aussi d’authentiques joyaux cinématographiques !

Lundi

LOVEMILLA
International Competition

Pour inaugurer dignement cette orgie cinématographique quoi de mieux qu’une comédie finlandaise faisant allégrement cohabiter zombies et alcoolisme, suicide et cyborg ou encore super héros et jeunesse désabusée ?
Lovemilla, adapté de la web série à succès éponyme, raconte l’histoire de Mila et Aimo, un couple d’adulescents coincés chez leurs parents portés sur la bouteille et qui cherchent absolument à déménager. Mais entre les complexes d’Aimo, qui le conduisent à investir les économies du couple dans des augmentations cybernétiques et les parents de Mila, qui se transforment littéralement en zombies chaque fois qu’ils boivent, leur vie quotidienne est une longue suite de rebondissements absurdes. Heureusement, qu’ils peuvent compter sur le soutien de leurs amis, qui semblent tout droit sortis d’une convention de cosplayeurs, super-pouvoirs boîteux en plus.

Comédie improbable et hautement absurde, Lovemilla, nous a vraiment permis de démarrer ce NIFFF en beauté. Les plans s’enchaînent, surréalistes et grotesques, mais le film reste relativement cohérent et fidèle à son intrigue de départ. Certaines scènes sont de purs morceaux de bravoure et on éprouve un plaisir régressif à voir un alien éconduit se prendre une enième veste, ou deux super-héros d’opérette rivaliser pour les lauriers de quelque aventure héroïque. On regrettera cependant le final, qui gâche un peu l’originalité du film, ainsi que les blagues scatophiles, qui ne rajoutent guère d’humour au film.

Lovemilla
Teemu Nikki
Finlande, 2015

TALE OF TALES
Films of the third kind

Descendu en flammes à Cannes, Tale of Tales est pourtant un pari relativement réussi, et un singulier changement de direction pour son réalisateur. Matteo Garrone, réalisateur de Gomorra et Reality, varie en effet radicalement son style pour s’attaquer au Pentamerone, un recueil de contes napolitains du XVIIème siècle rassemblés par Giambattista Basile.
Il en retiendra trois contes: les Deux Frères,la Vieille Ecorchée et la Puce, qu’il fractionne pour en tirer deux heures de féérie sanguinolante, baroque et esthétique. Au royaume des contes, les rois sont faibles, de chair et d’esprit, la reine à la limite de l’inceste tandis que d’ambitieuses vieillardes tentent de retrouver une place au soleil.

Si le Tale of Tales pèche parfois par le rythme et les choix de découpage des contes, il n’en reste pas moins visuellement très bien fait. La photographie est extrêmement bien pensée et participe parfaitement à rendre la noirceur originelle de ces contes. Les costumes et les décors évoquent fidèlement la Renaissance italienne et le jeu de Vincent Cassel et de Salma Hayek, parfaite en reine incestueuse, ne manque pas de plonger le spectateur dans un fantastique voyage, que n’aurait pas renié Shakespeare!

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Tale of Tales
Matteo Garone
Italie/France/Royaume-Uni, 2015

Mardi

MILLENIUM: SELECTED EPISODES
Chris Carter-Invité d'honneur

Habitué aux invités prestigieux, le NIFFF a offert une carte blanche au célèbre Chris Carter. Or le prestigieux réalisateur des X-Files ne s’est pas limité au surnaturel qui a fait son succès. En 1996, à la demande de la FOX, il créé la série Millenium, mettant en scène Frank Black (Lance Henriksen), un ancien agent du FBI, qui se retrouve confronté à d’étranges meurtres qu’il semble être le seul en mesure d’élucider.
Il faut encore noter que cette série a été l’une des premières à introduire le personnage du profiler, appelé à un grand succès dans la décennie d’après. C’était donc l’occasion idéale de revoir ce jalon de l’histoire des séries, surtout avec Chris Carter en personne pour en assurer l’introduction.

Cependant, presque vingt ans plus tard, la série semble avoir pris un sérieux coup de vieux. L’action manque de réalisme, les plans épileptiques de la caméra pour marquer les « visions » sont aussi datés qu’agaçants et les scènes d’action ne parviennent guère à convaincre tant elles sont remplies d’incohérences. Cela n’empêche pas une ou deux trouvailles visuelles et scénaristiques, mais Millenium permet surtout de voir l’évolution qualitative qui a affecté le monde des séries.

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Millenium: Selected episodes
Chris Carter
USA, 1996-1999

SPERMULA
Retrospective Guilty Pleasures

Avec son titre et le synopsis du catalogue (« des femmes vampires venues de l’espace se nourrisent de semence masculine »), Spermula s’annonçait comme un navet intergalactique mâtiné d’érotisme raccoleur. Or, à l’époque des Nymph()maniac et autres pornos chics, Spermula, du moins dans sa version projetée par le NIFFF s’est avéré être une bonne surprise qui n’est pas dénuée d’intérêt et un bon témoin des expérimentations cinématographiques des années 70.
Tout d’abord, il faut signaler que le scénario présenté dans le catalogue du NIFFF est celui de la version qui avait été destinée aux USA. Amputée de vingt minutes et totalement réécrite, cette version ne semble pas rendre hommage à l’originale.
Or le NIFFF a eu le bon goût de projeter la version originale, dont l’intrigue, centrée sur une société secrète et ésotérique tentant d’obtenir la paix sur terre à travers la sensualité rajoute une couche de profondeur bienvenue au film.

Si on ne peut douter que ce film vienne des années 70, il n’en reste pas moins que la photographie extrêmement travaillée et les plans soignés en font une œuvre baroque, une perle étrange, mais beaucoup plus intelligente que le synopsis le laissait croire. Mention spéciale pour les décors et les costumes, qui semblent parfois presqu’être des acteurs à part entière.

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Spermula
Charles Matton
France, 1976

GAZ DE FRANCE
International Competition

Parfois, il y a des films qui font tout simplement du bien, et qui remontent le moral tout en faisant rire, même si c’est jaune. « Gaz de France », c’est le film qui prouve que le cinéma français a beaucoup plus à offrir que le réalisme social franco-parisien un peu misérable ou les comédies lourdingues comme « Les Profs2 ».
« Gaz de France », c’est l’histoire d’un Président « normal » (toute ressemblance avec des personnes réelles n’est absolument pas fortuite), élu grâce à un tube musical et qui voit sa popularité tomber au plus bas après avoir multiplié les gaffes télévisuelles.
Il réunit donc une cellule de crise dans les sous-sol de l’Elysée qui doit lui permettre de se remettre sur les chemins du pouvoir.

Avec l’artiste Philippe Katerine dans le rôle du Président Bird et une talentueuse brochette d’acteurs, le jeune réalisateur Benoît Forgeard construit un huis-clos corrosif, déjanté et relativement cynique, qui passe le monde politique et son storytelling au peigne fin. Les scènes s’enchaînent tandis que la cellule de crise descend les niveaux des sous-sols de l’Elysée, pour finir par atteindre le bunker présidentiel. On se demande si le réalisateur n’aurait pas préféré en faire une pièce, tant ces différents niveaux structurent le film et la narration. Néanmoins, mêlé d’une dose de fantastique, d’un peu de science-fiction et de scènes complètement surréalistes (comme l’irruption de manifestants portant un casque-oiseau à l’Elysée), « Gaz de France » s’impose comme un film à ne surtout pas manquer!

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Gaz de France
Benoît Forgeard
France, 2015
Sortie en France le 30 décembre 2015

Mercredi

DARK CITY
Carte Blanche à Michael Moorcock

Le NIFFF est parfois l’occasion de redécouvrir des trésors injustement méconnus. C’est ce que s’est appliqué à faire Michael Moorcock, un des très grands écrivains de SF et de fantasy américaine en remettant Dark City à l’honneur. Ce film, ironiquement connu pour ses décors qui ont été réutilisés dans Matrix, a également été une énorme source d’inspiration pour Christopher Nolan et une partie de son oeuvre.
Sorti en 1998, Dark City mène le lecteur sur les traces de John Murdoch qui se réveille amnésique, dans une baignoire, près du corps ensanglanté d’une prostituée. Accusé de meurtre, il doit échapper à la police, mais également à de mystérieux assassins dont les trench-coats sont aussi démesurés et gothiques que leurs couteaux. Il se rend bientôt compte que des enjeux et des forces qui le dépassent sont à l’oeuvre et va devoir tout faire pour lutter et sauver son univers.

Michael Moorcock n’exagérait pas lorsqu’il citait ce film comme ayant influencé toute une génération d’artistes et de cinéastes. Le film, qui commence comme un polar noir et s’achève en une espèce de Truman Show cosmique déploie toute son énergie à construire une ville sombre, à jouer sur les lumières tandis que les personnages dépassés tentent de se raccrocher à quelque chose dans cet espace mouvant. L’intrigue est impeccablement construite et les effets spéciaux sont vraiment grandioses. Il est frappant de voir à quel point ce film est effectivement proche de Matrix, sorti un an plus tard, tout en ayant des spécificités qui le rendent incontournable! A voir ou à revoir de toute urgence pour les amateurs du genre!

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Dark City
Alex Proyas
USA/Australie, 1998

THE WAY OF THE DRAGON
Rétrospective Guilty Pleasures

Il est des films qu’on ne présente plus, tant ils sont symptomatiques et emblématiques de leur génération. Cependant, pour classiques qu’ils soient, ils n’ont pas forcément bien vieillis. C’est le cas pour le mythique La Fureur du dragon (en français) avec nuls autres que Bruce Lee et Chuck Norris!
The Way of the Dragon est le premier grand succès de Bruce Lee et le film qui le propulsa définitivement vers les sommets de la célébrité.
L’histoire est extrêmement simple, Tang Lung un Hongkongais maître de kung-fu, débarque à Rome pour aider sa famille, en butte à l’hostilité de malfrats locaux. Après quelques passages à tabac, ceux-ci comprennent qu’ils vont devoir employer les grands moyens, c’est à dire Colt, un impitoyagle combattant joué par Chuck Norris lui même. Si le film contient des scènes qui sont devenues mythiques, il en contient beaucoup d’autres qui sont parfaitement oubliables. La plupart des combats manquent de rythme, les adversaires attendant patiemment leur tour de prendre une claque à la queue et dans l’ensemble, ce film donne une impression de longueur.
Au niveau des costumes, des moustaches et des cheveux, les années 70 laissent libre cours à toutes les audaces, mais il faut bien dire qu’après coup, c’est un peu comme les soirées disco et autres « seventies »… Après plus d’une heure ça fait relativement mal aux yeux et à la tête!

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The Way of The Dragon
Bruce Lee
Hong-Kong, 1972

SCHERZO DIABOLICO
International Competion

Certains films ressemblent à des soufflés ratés. Excellent dans leur première partie, voilà que les incohérences scénaristiques et les hésitations de ton ruinent l’entier de l’oeuvre. C’est le cas pour Scherzo Diabolico.
Commençant comme un film noir, le spectateur suit l’histoire d’Aram, un employé stakhanoviste et volontaire. Après une ultime rebuffade professionnelle et familiale, Aram décide d’enlever une adolescente. Un retournement de situation imprévu lui fera cependant regretter amèrement de s’en être pris à cette adolescente-ci.

Excellent et haletant dans sa première partie, qui mélange film noir et film social, le film bascule d’un seul coup dans le gore le plus outrancièrement absurde. Tout un climat de tensions et de noirceur, soigneusement construit pendant une heure se trouve littéralement massacré à coup de batte de baseball tandis que le spectateur se désintéresse totalement du sort des protagonistes tant le grotesque et le changement de ton rendent impossible l’illusion. On regrette vraiment que ce basculement ait pu à ce point gâcher la sauce de ce film qui s’annonçait prometteur.

Scherzo Diabolico
Adrián Garciá Bogliano
Mexique/USA, 2015

DER BUNKER
Ultra Movies

Der Bunker est une surprise surréaliste et un peu malsaine comme seul le NIFFF peut parfois en réserver.
Suite à une annonce, un étudiant en thèse décide de se retirer dans une chambre de bonne, isolée au milieu de la forêt. L’encart promettait apparemment un coin tranquille, avec vue sur la mer. Cependant, l’ermitage s’avère être un ancien bunker et le havre de paix un Enfer qu’il doit partager avec un enfant de trente ans, un père à la vocation ratée de clown et une mère persuadée que sa gangrène est habitée par un dieu venu d’une autre dimension!

Autant le dire tout de suite, « Der Bunker » est un film complètement surréaliste, à
l’esthétique parfois dérangeante et à l’humour grinçant. Huis-clos original et puissant, il est servi par un excellent jeu d’acteurs ainsi que des images recherchées et soignées où chaque couleur semble trouver sa justification propre. La tension monte tandis que le protagoniste s’engage sans retour dans une spirale descendante et qu’il découvre l’étendue de la folie de ses hôtes. Mêlant habilement les moments de tension extrême avec des phases plus légères, le film fait constamment passer le spectateur de l’angoisse au rire, encore que s’accompagne toujours d’un léger malaise. Der Bunker est vraiment un grand film, à l’esthétique parfaitement calculée et à l’absurde maîtrisé.

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Der Bunker
Nikias Chryssos
Allemagne, 2015

Jeudi

DER POLDER
International Competition

La quinzième édition du Festival des Films Fantastiques de Neuchâtel propose, parmi sa compétition internationale, la première mondiale du film transmédia suisse et allemand « Der Polder ».
Un « polder » est un monde créé pour lutter contre la réalité. C’est avec cette définition que s’ouvre le film, suivie d’un long plan sur une Suisse de carte postale, mont Fuji en arrière plan. Une voix électronique inintelligible, mais sous-titrée, annonce aux spectateurs que ce qui va suivre est une version altérée des souvenirs du programmeur. Et l’aventure commence. Celle-ci consistera en une lutte contre les multinationales qui veulent s’approprier un jeu vidéo doté de composants plus réalistes que la réalité, sorte d’intelligence artificielle. Même si les séquences qui séparent le réel du virtuel sont traduites par des couleurs altérées, le spectateur a vite fait de ne plus parvenir à distinguer le jeu du récit, la fiction de la réalité. Des éléments empruntés au folklore suisse et japonais comme la « Tokyo Heidi », la fusion subtile d’objets rétros, contemporains, futuristes et post-apo ; tels sont les composants du film.
Der Polder, c’est aussi un projet mêlant le théâtre, la littérature, les jeux de table, les jeux vidéo et des émissions podcast autour d’un seul univers. Il a débuté en 2012 avec des événements promotionnels à Zurich, Berne et Sils Maria, invitant le public à participer à des « Alternate Reality Games ». Mêlant fiction et réalité, chaque joueur vit alors sa propre histoire, et c’est la diversité des récits qui a inspiré la production du film. Projet colossal que d’adapter le même univers sur différents supports, à différents endroits et sur le long terme, son concepteur Samuel Schwarz assure que le néophyte n’aura pour autant aucune difficulté à s’immerger dans le film. On peut lui reprocher d’être trop imagé et atmosphérique, ralentissant ainsi la trame principale. La sortie en salle est prévue vers la fin de l’automne et fascinera autant les amateurs de science-fiction que les cinéphiles les plus exigeants.

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DER POLDER
Julian M. Grünthal, Samuel Schwarz
Suisse/Allemagne, 2015

Par Clarisse AESCHLIMANN

THE VOICES
Films of the Third Kind

Parmi les meilleurs films de cette semaine, nous n’hésiterons pas à citer The Voices de Marjane Satrapi. Ne craignant pas le grand écart, la réalisatrice de Persépolis et de Poulet Aux Prunes délaisse l’Iran pour nous présenter une comédie horrifique mais jouissive qui prend place dans une petite ville des Etats-Unis.
Jerry vit une petite vie tranquille, entre l’usine, les apéros de boîte, la jolie secrétaire qu’il drague, sa psy et surtout son chat et son chien qui lui parlent et l’incitent au meurtre! Coincé entre sa volonté d’être bon et les injonctions psychopathes de son chat, Jerry perd progressivement ses repères tandis que les têtes s’entassent dans son salon et ne manquent jamais une occasion de lui faire remarquer qu’elles se sentent un peu seules et apprécieraient un peu de compagnie.

Vous l’aurez compris, The Voices est aussi un film sur la schizophrénie, mais ce slasher acidulé se présente véritablement comme une comédie un peu gore tout en dépeignant à merveille la vie un peu étouffante d’une petite ville perdue au milieu des USA. Le film, qui nous fait successivement épouser la vision idyllique et hallucinée de Jerry ou la réalité, nettement plus sombre, est une merveille remplie de trouvailles visuelles et de dialogues littéralement fous. Les personnages sont pourtant traités en profondeur et on appréciera tout particulièrement la prestation de Ryan Reynolds, qui prouve qu’il est capable de jouer des rôles subtils et puisssants.
A découvrir d’urgence, tout en gardant un oeil sur son chat!

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The Voices
Marjane Satrapi
USA/Allemagne, 2014

JAWS
Rétrospective Guilty Pleasures

Autre film de la rétrospective et plaisir un peu coupable, Jaws nous a surtout permis de tester l’Open Air. Gratuit, ouvert à tous, l’Open Air permet de prendre un peu l’air au bord du lac et de fuir la moiteur parfois étouffante des salles de cinéma en pleine canicule. Et pour un découvrir un Open Air au bord de l’eau, quoi de mieux que le chef-d’oeuvre intemporel de Spielberg?!
Alors qu’il fête ses 40 ans, le deuxième film de Spielberg n’a pourtant pas pris une ride. La musique est somptueuse et participe parfaitement à l’ambiance sinistre tandis que le scénario, simple mais extrêmement efficace nous entraîne dans cette grande chasse au requin tueur. On notera particulièrement les effets spéciaux, qui sont d’une grande qualité et semblent beaucoup plus réels que tous les fonds verts possibles et imaginables.
Un film mythique à (re)découvrir donc!

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Jaws
Steven Spielberg
USA, 1975

Vendredi

CRUMBS
International Competition

Pour se convaincre que la science-fiction et le post-apo ne sont pas réservés qu’à Hollywood, il suffit d’aller voir Crumbs. Conçu comme un long voyage contemplatif, mélangeant les codes conte initiatique et celui de l’absurde, assaissonné d’une pincée d’humour, Crumbs changera à jamais la vision du cinéma éthiopien.

Gagano et sa femme vivent une vie relativement heureuse, entre vénération de Saint-Michael-Jordan, Justin Bieber III et reliques de Michael Jackson. Mais le réveil d’un énorme vaisseau dans le ciel pousse Gagano à aller consulter une oracle qui le poussera à entreprendre une quête initiatique pour retrouver le Père Noël. Armé de son épée en plastique, d’un costume de Superman, Gagano est prêt à affronter toutes les hordes de nazis masqués et autres conducteurs de trains aigris sur son chemin.
Cependant, dans ce pays dévasté, la violence est systématiquement évacuée, assourdie et l’aventure se transforme bientôt en déambulation onirique.
La variété des paysages éthiopiens, du désert presque lunaire à la moiteur des forêts tropicale, renforce encore cette impression d’étrangeté. Les acteurs, de parfaits inconnus, jouent extrêmement bien et le film est rempli de trouvailles visuelles et de plans iconiques.
On peut cependant aussi lui reprocher sa force, à savoir sa lenteur contemplative, qui peut être parfois ennuyante, associée avec un certain manque de rythme. Néanmoins, c’est l’occasion ou jamais de découvrir des aspects méconnus du cinéma africain.

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Crumbs
Miguel Llansò
Ethiopie/Espagne/Finlande, 2015

AVA'S POSSESSIONS
International Competition

Se réveiller un matin sans se souvenir de quoique ce soit, voilà qui peut arriver aux meilleurs d’entre-nous, tout comme trouver l’appartement en désordre, et quelques amis qui ne veulent plus nous parler. Mais quand les taches de sang pointent sous le tapis et qu’un juge vous assigne à suivre les séances des Possédés Anonymes, on obtient Ava’s Possessions, un mélange entre Very Bad Trip et un polar noir dans lequel Ava, une jeune fille sortant d’une possession pénible avec un démon, va tout faire pour enquêter sur sa possession. Cependant, il est des choses qu’il vaudrait peut être mieux laisser dans l’ombre.
Bien qu’ayant une intrigue assez alléchante, ce film s’est avéré un peu décevant. D’une part à cause de sa réalisation, sans beaucoup d’ambitions et d’autre part par son hésitation permanente entre la comédie et le film noir. Le mélange ne prend pourtant pas et l’on sort un peu frustré d’un film qui semblait pourtant prometteur. Cependant, les amateurs du genre apprécieront les multiples références aux classiques du genre cachées tout au long du film.

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Ava’s Possessions
Jordan Galland
USA, 2015

TURBO KID
International Competition

Pour clore ce festival, on est allé voir un des films les plus prometteurs de la compétion internationale. Turbo Kid nous raconte l’histoire d’un jeune garçon et de son amie complètement déjantée qui parcourent des terres dévastées sur leurs vélos de compétition. Mais, en 1997, quelques années après l’Apocalypse, la survie s’annonce difficile. Entre rats-mutants, bandes rivales et psychopathes à scie circulaire, il va falloir pédaler sec pour survivre dans ce Mad Max à en Vélib’ !
Enième film post-apocalyptique, la grande originalité de Turbo Kid est de prendre place dans les années 90 et donc de s’accompagner d’un cortège de gadgets rétros complètement régressifs qui rappelleront la gloire des VHS, Bioman et des baladeurs à toute une génération de nostalgique. Les scènes de courses poursuites en vélo sont aussi incongrues que drôles.
Cependant, s’il est clairement comique, ce film pèche toutefois par son gore à outrance. Même s’il est totalement assumé, et relativement drôle au début, la surabondance de sang, d’entrailles et d’explosion finit par lasser. La fin tire en longueur et on se demande s’il n’aurait pas mieux valu le raccourcir un peu. Il reste néamoins un excellent divertissement, servi par des acteurs qui se lâchent totalement et des plans complètement cultes!

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Turbo Kid
François Simard/Anouk Whissel/Yohann-Karl Whissel
Canada/Nouvelle Zélande, 2015

Par nos journalistes FLORIAN MOTTIER et CLARISSE AESCHLIMANN