Le féminisme, c’est dépassé. En 2017, les femmes ont les mêmes droits que les hommes ! Quoique… Retour sur la conférence d’Amnesty International du jeudi 9 mars.

Aula Magna, 19h. Face à l’assemblée, deux habituées de la lutte pour les droits des femmes : Manon Schick, directrice d’Amnesty International Suisse, et Leila Alikarami, avocate iranienne spécialisée dans la défense des activistes condamnés de manière arbitraire.

Les deux femmes se connaissent : Manon Schick, qui vient de publier un livre sur les femmes d’admiration, a, à ses côtés, l’une des héroïnes de son roman. Comme toutes les femmes de l’ouvrage, Leila Alikarami vient d’un pays du Sud. Elle force l’admiration de par son engagement pour les droits des femmes : née en Iran, elle remarque très vite qu’elle n’a pas les mêmes droits que son frère. Elle constate toutefois que contrairement à beaucoup de femmes iraniennes, elle n’est pas timide. Il n’en faudra pas plus pour qu’elle décide de faire des droits des femmes son combat.

Mais, comme nous le découvrirons tout au long de la conférence, défendre la gent féminine en Iran n’est pas une mince affaire. Les pouvoirs religieux, n’hésitant pas à qualifier les activistes de « danger pour la sécurité nationale », les mises en détention sont en effet courantes. Or, loin de se laisser faire, la jeune génération ose refuser le « dress code »  islamique, que tentent d’imposer les dirigeants, et se battre pour que la vie d’une femme vaille autant que celle d’un homme. Occasion parfaite pour rappeler que non, être féministe, ce n’est pas désirer obtenir des droits supérieurs à qui que ce soit, mais simplement exiger un traitement égal pour tous.

Et la Suisse dans tout ça ? À coups de « le droit de vote féminin a été accordé plus tôt en Iran qu’en Suisse » et de « en Iran, à travail égal, salaire égal », Mme Alikarami a su mettre les points sur les « i » : malgré les apparences, la Suisse a encore beaucoup à faire en matière d’égalité des sexes !

Manon Schick fait par ailleurs remarquer qu’en Suisse, la jeune génération a l’impression que les droits des femmes sont acquis : puisqu’elle est née après l’entrée en vigueur du suffrage féminin, elle a parfois tendance à oublier d’où elle vient. Or, le combat est tout autant essentiel aujourd’hui.

Et Mme Schick de rajouter qu’en Suisse, nous avons la possibilité de nous mobiliser, et le devoir de nous battre pour les droits de ceux qui n’en ont pas. Alors, qu’est-ce qu’on attend ?

Les femmes du point de vue du droit iranien

Manon Schick raconte qu’on lui avait décrit Leïla Alikarami comme une femme discrète et réservée. Pourtant quand elle l’a rencontrée, elle a vu une femme très vive et très engagée. En tant qu’auditeurs nous ne pouvions que faire le même constat. Mme Alikarami est une femme passionnée par sa lutte, intelligente et pleine de répartie. Depuis toute petite, elle n’a jamais accepté ni compris les injustices faites envers les filles. Pourquoi ne pouvait-elle pas se comporter comme ses frères ?

En Iran, les femmes sont considérées comme des citoyens de seconde classe. La vie d’une femme vaut la moitié de celle d’un homme. Cela veut dire que si une femme se fait assassiner par un homme sa famille peut soit pardonner à la famille du meurtrier et lui demander de l’argent soit choisir de demander l’exécution du meurtrier. Si la famille opte pour la deuxième option, elle devra payer une compensation à la famille  du meurtrier à hauteur de la moitié de la valeur de la vie du meurtrier.

Selon Leïla Alikarami, la religion n’est pas la source de la discrimination. L’Islam est la religion la plus pratiquée dans la majorité des pays du moyen Orient. Pourtant en Arabie saoudite les femmes ne peuvent pas conduire alors que c’est possible en Iran. D’ailleurs pour l’avocate iranienne cela ne sert à rien d’aller contre la religion. Selon elle ce sont les hommes qui sont au pouvoir et par peur de le perdre, empêchent de changer les lois.

 

Crédits Photos: Liberation News Service
Crédits Photos: Amnesty International UniFR

Avec la collaboration de Lucie Besson